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« OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire » de Nicolas Bedos

vendredi 6 août 2021, par Sébastien Bourdon

Back in Black

OSS 117 franchit un palier avec ce troisième opus, réalisé cette fois par un autre que Michel Hazanavicius - Nicolas Bedos donc - il devient une franchise. Il ne reste plus qu’à changer l’acteur principal - Jean Dujardin - et cette parodie de James Bond suivra une trajectoire similaire.

Qu’est-ce qu’a gagné ou perdu Hubert Bonisseur de la Bath dans ce voyage en Afrique et ce changement de réalisateur ? Pas grand chose en réalité, on retrouve très vite ses marques, dès un prologue classique très réussi, mêlant comme il se doit action endiablée et dialogues hilarants.

Hubert rejoint ensuite le bureau parisien où bat la campagne électorale de 1981, claque les fesses des filles et attend sa prochaine mission. Évidemment, rien ne se passe comme prévu, et notre héros commence par découvrir les charmes de l’archivage informatique. On ne fait pas un film d’aventures avec uniquement des informaticiens et OSS 117 reprend ses bonnes habitudes en partant en Afrique noire pour tenter de retrouver le jeune OSS 1001 dont on n’a plus de nouvelles (Pierre Niney).

Si Nicolas Bedos fait indiscutablement le job, il n’en demeure pas moins que le film se cogne à quelques écueils. Jean Dujardin est toujours formidable, mais son personnage a perdu un peu de sa grâce et il finit par ressembler à Nicolas Sarkozy (que l’acteur a d’ailleurs interprété récemment).

Le meilleur du film se trouve alors probablement dans l’introduction d’un nouveau personnage, Serge, aka l’agent 1001, joué par un Pierre Niney aussi juste qu’hilarant. L’éternelle querelle des Anciens et des Modernes trouve ici un pendant comique qui rappelle les meilleures heures des films de Francis Veber.

Pour le reste, le film est beau, dans la tradition des épisodes précédents, car il n’y a pas de raison de priver l’humour de ce que le cinéma peut produire de meilleur en termes de décors, photographie et prise de vues.

Pourtant, comme évoqué, le compte n’y est pas totalement. Tout d’abord, la longueur trop importante (deux heures ou presque) eut justifié que l’on amputa la pellicule d’un bon quart d’heure. De surcroît, le scénario et les rebondissements sont au mieux prévisibles, au pire inconsistants.

Ensuite, et c’est plus gênant, le film semble avoir peur de son mauvais esprit et tente de rattraper en permanence ce qu’il peut avoir de délicieusement incorrect. C’est intrinsèquement inutile : on devrait détester OSS 117, veule, raciste et misogyne, pourtant il est irrésistible. Cet étalage de bêtise crasse n’est donc pas là pour s’excuser, sinon il perd de son mordant comme de son charme.

La fin, qu’on ne révélera pas, est même assez ratée et malaisante, et n’a certainement pas le charme désabusé de la dernière image de « Tintin et les Picaros ».

Sébastien Bourdon

P.S. OSS 1001 (Pierre Niney) porte le nom d’emprunt de Nightingale : on ne sait si c’est volontaire, mais on peut imaginer ici une référence inattendue à Antonio Tabucchi et Alain Corneau puisque c’est le patronyme de celui que recherche désespérément le protagoniste de « Nocturne Indien » (dans le livre comme dans le film). Ma chronique : https://www.soundsmag.org/Nocturne-Indien-de-Alain-Corneau-1989

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