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« Notre Dame » de Valérie Donzelli

mercredi 22 janvier 2020, par Sébastien Bourdon

Mine de Crayon

Par quel miracle arrive t’on si vite, en à peine quelques scènes bousculées et drôles, à camper la vie quotidienne à Paris au 21eme siècle ? Tout y est ou presque, de la pluie en continu à l’urgence pour tout. Ce qui oppresse au quotidien est ici transformé en course drolatique, par la magie du cinéma.

Valérie Donzelli, avec le très beau « La Guerre est Déclarée » (2010), avait su transformer le drame et l’effroi en tragi-comédie enlevée, insufflant en continu la vie dans une histoire particulièrement douloureuse (la maladie d’un enfant).

On l’avait un peu perdue de vue depuis et il semble que c’est à nouveau dans sa propre existence qu’elle soit allée chercher la matière à ce très joli nouveau film.

Maud Crayon est architecte, la quarantaine pimpante mais fatiguée, mère de deux enfants, séparée d’un mari qui a tout du boulet, qu’elle accueille encore ponctuellement chez elle et même dans son lit.

Plus bohème que bourgeoise, elle tente de survivre dans un Paris toujours aussi joli, mais franchement hostile. Par un hasard dans lequel la magie s’est invitée, elle gagne un concours pour la rénovation du parvis de Notre-Dame, événement qui surgit au milieu d’autres bouleversements dans son existence.

C’est un joli portrait de femme indépendante qui ne se laisse pas enfermer dans les schémas anciens que nous offre la réalisatrice, s’attribuant d’ailleurs également le rôle principal.

Le postulat est cohérent : puisque le monde contemporain se refuse lui-même aux mécaniques traditionnelles - on travaille sans contrat, on se quitte sans se séparer et on se séparer sans se quitter etc. - on s’attelle à tout cela, comme on peut, avec la détermination qui nous est propre.

Ce constat nécessite une énergie qui irrigue d’autant mieux le film qu’elle est joyeuse.

Rien n’est simple et tout se complique, mais Maud s’agite et se débat, ne croyant qu’en la vérité des sentiments, quels qu’ils soient.

Démontrant une fois de plus que la gravité ne doit surtout pas empêcher la fantaisie, Donzelli fixe de bien belle manière un état du monde.

Sébastien Bourdon

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