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« Nomadland » de Chloé Zhao

jeudi 17 juin 2021, par Sébastien Bourdon

Get in the Van

Fern (Frances Mc Dormand) tourne autour d’une soixantaine fatiguée. Des accidents de la vie, mais aussi des choix personnels, l’ont amenée aux portes de la précarité. Elle vit dans son van et traverse l’immensité américaine à la recherche de petits jobs, de la récolte de betteraves à l’empaquetage chez Amazon.

Cette vie d’expédients la mène souvent au bord du gouffre, mais elle se relève toujours, sans entendre jamais renoncer à sa liberté.

C’est la description d’une précarité quasi institutionnelle en Amérique qui nous est montrée. Les damnés de la Terre, comme dans une chanson de Bruce Springsteen.

La photographie est magnifique, les personnages sont le plus souvent crédibles, mais le film se heurte à beaucoup trop d’écueils pour être franchement défendu (ou alors fraîchement).

Tout d’abord, on peut certes s’émerveiller du jeu exemplaire de l’actrice principale - récemment oscarisée pour la deuxième fois - mais finalement paysages comme interprètes ne sont là que pour la servir, ce qui limite sérieusement le film où tout finit par n’être que faire-valoir de la principale protagoniste.

Cette esquisse progressive et de plus en plus précise du personnage finit par faire système trop visible et lasse d’autant plus que la mélopée sirupeuse qui accompagne tout cela devient rapidement insupportable.

Ensuite, cet esthétisme de chaque plan cache mal l’inconsistance du film. La dénonciation d’un système dur aux plus démunis est tellement vite escamotée qu’on finirait presque par croire que l’atmosphère entre collègues dans les entrepôts d’Amazon est plutôt sympa.

S’agit-il d’évoquer l’éternelle liberté de marginaux américains qui auraient en réalité conservé l’esprit des premiers pionniers ? On ne sait pas, ces gens semblent sympathiques mais énoncent des propos tellement sentencieux et plein de réthorique auprès du feu qu’ils ne déclenchent guère d’empathie.

Resterait alors le portrait d’une femme libre envers et contre tout, mais trop de défauts d’écriture et une lenteur pachydermique tuent progressivement le projet.

Sébastien Bourdon

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