Maudits Band - CASC Association Place des Arts - le 24 novembre 2023

Tout était incongru dans cette affaire : l’heure - midi et demie un vendredi de novembre - et le lieu : au sein même du ministère de l’économie et des finances. Une pause déjeuner inattendue et où on ne se sustentera que les oreilles, mais de quelle belle façon !

Il est vrai qu’on imaginait plutôt retrouver ces talentueux garçons en salle dédiée à Paris ou au Hellfest, plutôt que dans un auditorium ministériel, mais on ne va pas bouder notre plaisir : on est bien assis, c’est indéniablement coquet et le son est cristallin. On n’a pas souvent vu aussi bien dépensés nos impôts.

Tout le monde s’assied sagement, et nous voilà embarqués par le trio pour un voyage subtilement arrangé pour l’occasion : on allège un peu la vélocité pour jouer plus encore sur les ambiances éthérées qui nimbent souvent leurs morceaux.

Avec sa maestria habituelle, le groupe va donc s’employer à travailler les atmosphères - sans renoncer à l’intensité - pour livrer un florilège de leur musicalité en un seul bloc, regroupant tout en un presque unique morceau, pour un long voyage émerveillé, mélancolique, où pointe parfois comme une sourde inquiétude contenue.

Dans la musique instrumentale, on cause peu - forcément - et ce set magique ne connaîtra donc qu’une interruption, celle qui s’imposait pour la présentation des musiciens. Dans un trio, ça prend toutefois peu de temps.

Le bassiste, Erwan Lombard, se chargeant de la tâche, précise à propos d’Olivier Dubuc, qu’il est « un guitariste qui en vaut quatre ». Cette assertion vaut en réalité pour les trois musiciens, tant c’est un peu cette capacité à se démultiplier qui les caractérise (Christophe Hiegel, le batteur, a parfois tout d’une pieuvre).

Ce set d’une heure, tout en élégance percutante retenue, n’aura eu pour défaut que d’être trop court, mais n’aura pas manqué d’offrir aux heureux spectateurs un moment assez miraculeux de musique.

Sébastien Bourdon