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« Love Life » de Koji Fukada

mardi 4 juillet 2023, par Sébastien Bourdon

Chienne de Vie

Sur le papier, c’est une histoire aussi banale que malheureuse, des gens qui s’aiment, puis ça s’arrête, un enfant au milieu de tout ça, des beaux-parents, des pièces rapportées, un passé tenace, et beaucoup de malheur, qu’il soit fruit du hasard ou de la bête et humaine cruauté des sentiments.

La jeune Taeko (Fumino Kimura), travailleuse sociale, vit modestement et tranquillement avec son époux Jiro (Kento Nagayama). Un enfant égaye cet étroit intérieur japonais, son fils Keita, que son beau-père traite comme s’il était sien, et ce d’autant que le géniteur est aux abonnés absents depuis l’origine.

Un drame terrible va soudainement frapper ce foyer aussi corseté que paisible (cette maîtrise de soi n’est évidemment qu’apparence, comme partout, faut en bouffer des couleuvres, mais qu’importe, au Japon on ne se dévoile pas, ça ne se fait pas).

Ressurgissent alors l’ex petite amie du mari et le père biologique de l’enfant. Si le sort de la précédente amoureuse est vite réglé, le film s’attarde nettement plus sur le sourd muet lunaire responsable de la conception du fils (Atom Sunada).

Il faut dire que c’est un personnage surprenant, évidemment pas très causant, quoiqu’il lui arrive de placer ça ou là quelques sentences définitives (avec les doigts, évidemment). Son retour, pas forcément souhaité, va amener le couple, déjà bien malmené par le drame, au bord de l’implosion.

Ce serait mentir que d’avancer que l’œuvre n’est pas inconfortable, autant par sa narration que par cette manière de toujours nous tenir à distance de l’émotion (à la japonaise en somme).

Quand bien même on entretiendrait une modeste familiarité avec le cinéma japonais, on peine un peu à comprendre ce que l’on voudrait nous faire ressentir à l’image (il y en a pourtant de belles des images, comme cette manière de filmer les espaces clos, ou une jeune femme dansant seule sous la pluie).

Ou alors, et l’exercice est encore plus retors, et le titre particulièrement cynique : il n’y a pas franchement de raison d’aimer la vie, qui n’est que coups du sort et illusions douloureuses.

Ainsi de ce sourd-muet, qui est quand même un sacré fils de pute, et ce n’est pas rien que de nous amener à comprendre qu’un handicapé misérable et attendrissant est en réalité surtout un clown cruel.

Sébastien Bourdon

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