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« Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan » de Martin Bourboulon

samedi 27 mai 2023, par Sébastien Bourdon

Rois et Reines

Puisque cela se donne pour une dernière séance près de chez soi, chargé d’une ribambelle d’enfants motivés, sans se faire tordre le bras, on y va, mais dans une relative expectative.

On aurait eu tort de se priver, car quel plaisir que ce film ! Cette énième adaptation de Dumas semble pour la première fois depuis des lustres renouer avec un cinéma que l’on croyait disparu dans l’hexagone : un objet filmé qui soit un peu joli, un peu drôle, un peu exaltant et même un peu intelligent.

Le contraste est d’autant plus fort que le film est long, mais se tient sans faiblir. Alors que le cinéma de distraction est devenu un produit formaté, entre débauche d’effets spéciaux sur fond vert et rebondissements en continu, on retrouve ici une sensation d’artisanat fait avec les mains (et avec amour). De la soie et de la sueur, comme si on y était.

L’adaptation du texte est intelligente et ne laisse pas en plan le contexte historique : la question des guerres de religion et des antagonismes géographiques supplémentaires qu’elles ont engendrés est finement abordée.

Les trahisons sont modestes et même la furieusement tendance bisexualité affichée de Porthos (Pio Marmaï, sobre dans un rôle où sa tendance naturelle aurait dû l’amener à en faire des caisses) se révèle assez drôle et fraîche. Comme le film en somme.

L’interprétation est en effet quasi sans défauts. Il est de bon ton de verser des larmes sur les glorieux anciens du cinématographe, mais ce serait oublier que si on n’a pas de pétrole, on a des actrices et des acteurs ! Ainsi de Louis Garrel qui décidément peut tout faire et devient franchement exaspérant avec cet étalage continu de talents indiscutables.

Mais n’oublions pas les femmes qui, de Vicky Krieps à Eva Green, tirent leur épingle du jeu, et à la Cour comme sur l’écran, tiennent toute leur place.

François Civil, sourire benêt aux lèvres, fait un D’Artagnan crédible, même s’il n’a pas le panache (utile pourtant, pour un mousquetaire) de ses acolytes Vincent Cassel et Romain Duris.

Une vraie bonne surprise donc que ce film qui atteste d’une capacité non éteinte de cette industrie française à offrir une impressionnante palette d’expériences heureuses aux amateurs de salles obscures.

Sébastien Bourdon

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