Accueil > Francais > Cinéma > « Les Intranquilles » de Joachim Lafosse

« Les Intranquilles » de Joachim Lafosse

samedi 9 octobre 2021, par Sébastien Bourdon

Le Chaos dans le Pinceau

Damien (Damien Bonnard) est peintre à succès mais bipolaire, sa femme Leila (Leila Bekhti) restaure des meubles anciens et tient du mieux qu’elle peut un foyer intrinsèquement chaotique.

On le comprend dès la première minute, des vacances dans le Sud, l’hyper agitation de Damien recèle des gouffres d’angoisse pour ses proches, femme, fils, amis, père. Lorsque sa folie l’envahît inexorablement, exacerbée par sa frénésie créatrice, il entre dans un état second permanent, sans sommeil ni apaisement.

On parle donc d’un malade, mais l’hôpital est esquivé à l’image, il se résume à une inquiétude partagée par les protagonistes, celle de devoir y retourner. C’est un enfer d’anxiété continue, d’où le titre, mais tout le monde tient plus ou moins, parce que voilà on s’aime, malgré, envers et contre tout.

Sans pathos excessif, avec ce qu’il faut de dramaturgie et un refus continu du simplisme, Joachim Lafosse filme cette famille sans cesse à se battre sur une frontière mouvante : la quête de l’harmonie impossible, jusqu’au possible épuisement des personnes.

Cette bascule est d’autant plus difficile à éviter que Damien n’est jamais tant prolifique avec son pinceau que lorsqu’il s’approche de cette folie que l’on peut alors qualifier de créatrice. Las, si elle est miraculeuse pour ses toiles, elle est destructrice lorsqu’elle frappe les siens et lui-même.

Le film se sort admirablement de cette narration de pulsions contradictoires, de ce paradoxe continu qu’est ce ménage qui se tient toujours au bord du vide (comme tous les ménages, mais un peu plus ici).

Sébastien Bourdon

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.