Accueil > Francais > Cinéma > « Les Filles vont Bien » de Itsaso Arana
« Les Filles vont Bien » de Itsaso Arana
dimanche 3 décembre 2023, par
La Répétition
Quatre jeunes femmes (Itziar Manero, Irene Escolar, Barbara Lennie, Helena Ezquerro) rejoignent dans la campagne ibérique leur metteure (metteuse ?) en scène (Itsaso Arana, ici actrice et réalisatrice pour son premier film) afin d’y travailler à une pièce aux allures de conte.
Le concept est immédiatement posé : après les avoir accueillies, celle qui les dirigera prend sa plume dans le calme de sa chambre pour gratter et raturer sur papier des concepts et idées qui orienteront la semaine de travail (et le film donc). Elle glisse enfin une feuille dans une enveloppe sur laquelle elle écrit le titre du film, lequel résume finalement encore mieux le concept que son pitch minimaliste.
Ces jeunes femmes, ravissantes sans l’être trop, sont travaillées par l’envie de créer et le plaisir d’être ensemble. Elles répètent et papotent longuement, sans tension, dans une paisible atmosphère solaire.
Le film est donc tout le temps beau, presque sans aspérités, émaillé de conversations parfois plus profondes sur la vie à venir (l’une est enceinte) et la mort (deux ont perdu un parent). De là à dire que les filles philosophent serait un peu excessif, tant on ne va pas franchement au fond des choses, s’égarant même ponctuellement dans le pathos ou la platitude.
Il n’empêche que ce film donne à voir à quel point une réunion de femmes peut être infiniment plus douce et constructive qu’un mâle rassemblement.
C’est d’autant plus vrai ici qu’il n’y a même pas là de revendication idéologique de sororité : lorsque dans le dernier quart du film, un jeune homme du cru se glisse entre elles, cueilli par la plus audacieuse et la plus disponible au cours d’une fête de village, le cercle s’élargit sans hostilité et avec une continuité d’humeur souriante.
Que reste-t-il de tout cela le court film terminé ? Pas grand chose, si ce n’est un peu d’été au cœur de l’hiver.
Sébastien Bourdon