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« Les 2 Alfred » de Bruno Podalydès

mardi 29 juin 2021, par Sébastien Bourdon

La Déconnexion Heureuse

Le cinéaste Bruno Podalydès n’est jamais meilleur que quand il s’adjoint les services de son frère Denis. D’abord parce que ce dernier est un immense comédien, mais surtout parce que sa réalisation se renforce alors de leur complicité fraternelle et artistique.

Dans ce dernier film, Bruno Podalydès, attaché une fois de plus à décrire avec un sourire en coin les mœurs de nos semblables, s’attaque à la start-up nation. Alexandre (Denis Podalydès), un père quinquagénaire fraîchement abandonné par sa sous-marinière d’épouse, décide de renflouer son compte en banque en trouvant du travail.

Il est soutenu dans ses efforts par son nouvel ami Arcimboldo (Bruno Podalydès himself). Ce dernier est une sorte d’adapté à la coule au monde des internets uberisés. Bon camarade, il lui garde ses enfants tout en rechargeant des drones, en faisant le chauffeur privé ou en allant manifester à la place d’autres qui le payent pour ça.

Alexandre intègre une petite entreprise innovante dénommée The Box, en qualité de Reacting Process. Il découvre une communauté de travail à la fantaisie illusoire et tellement noyée dans le jargon anglo-saxon contemporain qu’on peine à savoir ce qu’on y produit réellement. De surcroît, l’ego surdimensionné de son jeune dirigeant à la décontraction apparente masque mal l’autoritarisme réel : il interdit ainsi d’avoir des enfants, cela nuirait à l’implication au travail.

Alexandre va donc tenter de s’adapter à la récurrente « galette des kings » à 21 heures et aux outils connectés, aidé en cela par Arcimboldo.

Bruno Podalydès persiste à nous amuser intelligemment, avec une tranquillité souriante. L’invasion des gadgets technologiques est ainsi à peine outrée, se contentant d’être moquée avec une absurdité poétique ad hoc (difficile de ne pas penser au « Playtime » de Tati).

Finalement, la manière dont les employés unis entament une révolution de velours contre un univers oppressant et idiot ressemble à sa manière de faire des films. Il s’agit de certes s’adapter au système, mais sans jamais plier ou céder sur ses principes.

Surtout, face au précieux ridicule des posts Linkedin, les frères Podalydès nous proposent en lieu et place de produire de la tendresse et du loufoque. Cela pourrait sembler naïf, mais c’est tout à fait recevable venant de garçons qui, dès l’enfance, ont donné vie à leurs rêveries tintinophiles pour se consacrer ensuite au cinéma et au théâtre.

Sébastien Bourdon

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