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« Le Garçon et le Héron » de Hayao Miyazaki

mercredi 29 novembre 2023, par Sébastien Bourdon

Fais comme l’Oiseau

On le croyait retiré des affaires, après un très beau film aux allures testamentaires - « Le Vent se Lève » en 2013 - mais voilà que Hayao Myiazaki est finalement de retour en salles. À 82 piges, âge moyen des cinéastes contemporains en 2023 (on plaisante), cela ne relève que d’une demie surprise (d’autant qu’on sait le japonais travailleur).

Alors que le Japon est entré dans la guerre, la mère du jeune Mahito, infirmière de son état, décède dans l’incendie de l’hôpital qui l’emploie à Tokyo. L’enfant éperdu de chagrin est envoyé par son père à la campagne, où il sera hébergé par sa tante, sœur de la défunte.

Cette première partie du film décrit avec subtilité et finesse le deuil et les trahisons qui frappent cet enfant, l’abîmant jusqu’au désespoir. Il ira ainsi jusqu’à se mutiler pour exprimer la rage désespérée qui l’a envahi.

La suite du film, plus longue et infiniment plus agitée, verse très largement dans le domaine fantasmagorique cher au cinéaste nippon (et à la culture japonaise de manière générale). La propriété campagnarde recèle en effet en son sein une grande bâtisse d’autant plus mystérieuse qu’elle est murée, au sein de laquelle un héron insistant - mi homme mi oiseau - va l’entraîner.

L’enfant, convaincu par l’animal chimérique qu’il va y retrouver sa mère, s’y lance sans hésitations, embarquant alors dans un train fantôme cacophonique et terrifiant.

Si le voyage est chatoyant et coloré, tout transpire l’effroi et la mort, même les innocentes perruches y deviennent des assassins dissimulant mal leurs cruelles intentions sous une allure bonhomme, quand poissons et crapauds menacent de vous avaler sous leur nombre.

Mahito court éperdu au sein de ce décor sans cesse changeant, trouvant des alliés dans ce monde fantasmatique, qui se révéleront être les échos du monde réel.

Il arrive à ce film agité d’être parfois un peu abscons, et on se prend à un moment à regretter ce premier tiers de film si admirable. Mais on ne prétendra pas en sortant de la salle que Miyazaki est usé tant ce film obnubilé par la mort est sans cesse traversé par la vie.

Sébastien Bourdon