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« Le Comte de Monte-Cristo » d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte

samedi 20 juillet 2024, par Sébastien Bourdon

Fortune Amère

Quelques précisions tout d’abord, l’auteur de ces lignes n’a jamais lu le fameux roman dont est tiré le film (en revanche, quel plaisir de le savoir dévalisé dans toutes les bonnes librairies, porté par le succès de sa dernière adaptation). L’éventuelle trahison de l’œuvre ne sera donc pas abordée ici.

On vous épargnera également un résumé de l’histoire, soit elle est trop connue et c’est donc inutile, soit on en sait rien ou pas grand chose, et c’est aussi bien pour le découvrir en salle obscure.

Rappelons simplement que, victime d’une machination ourdie par trois hommes unis dans l’ignominie, Edmond Dantès (Pierre Niney) revient de quatorze ans d’enfer carcéral au château d’If pour se venger.

Rappelons également si besoin était que la vengeance est un plat qui se mange froid, et autant dire qu’ici, celui qu’elle anime, se révélera glacé, machiavélique et implacable (« à partir de maintenant, c’est moi qui récompense, et c’est moi qui punis »).

Alexandre Dumas, s’il n’a pas inventé l’histoire de vengeance, a quand même refilé à Monte Cristo des archétypes qui ont ensuite ont été largement recyclés, de Sergio Leone aux héros Marvel, pour n’en citer que quelques uns. Lorsqu’Edmond Dantès/Batman constitue son équipe de vengeurs, Andrea Cavalcanti (Julien de Saint Jean) et Haydée (Anamaria Vartolomei) font de très justes Robin et Catwoman.

Un retour sur grand écran de cette œuvre de patrimoine n’est que justice (d’ailleurs c’est un peu le sujet), mais il s’agissait alors de ne pas se louper, en se vautrant dans le déjà-vu et le convenu.

Brisons là le mystère, dès l’ouverture - magnifique - du film, on est comme saisis (embarqués plutôt, on est sur la mer). Tout est splendide, et c’est une profusion d’images colorées à laquelle il est très vite impossible de se refuser.

Durant quasi trois heures, on renoue avec une joyeuse magie qui a tout à voir avec l’enfance et les premiers temps que l’on a pu chacun pu connaître avec la littérature et le cinéma. Carrément ? Oui, parce que cette durée un peu hors norme est comme aspirée par une forme chimiquement pure de plaisir.

On n’affirmera évidemment pas que le film soit exempt de défauts. Ainsi de cette vengeance tellement longuement ourdie qu’on la trouve finalement un peu expédiée. Surtout, le film pâtit un peu de son sombre héros, tout entier à sa haine et auquel il manque parfois un peu de chair et d’âme, mais c’est ce que veut le personnage.

Pour le reste, on ne peut que s’incliner devant cette bien jolie œuvre faite pour satisfaire sans vulgarité les spectateurs de 7 à 77 ans (et au-delà), pour peu qu’ils aient le goût du romanesque.

Sébastien Bourdon