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« Classe Moyenne » d’Antony Cordier
dimanche 28 septembre 2025, par
Duel au Soleil
Quelque part dans le Sud de la France, une somptueuse villa, au sein de laquelle vont bientôt s’affronter gardiens et propriétaires.
Le maître des lieux, un avocat d’affaires parisien (Laurent Laffite) cache mal sous son allure onctueuse un type parfaitement odieux, quand sa femme (Élodie Bouchez) traîne sa langueur veule d’actrice espérant un retour en grâce.
Leur fille (Noée Abita), entre les carrières parentales, a retenu l’option qui lui semblait la plus glamour, sans cesser de s’inquiéter de ce qu’on la prenne pour une fille de…
Ce séjour estival est l’occasion pour elle de présenter son fiancé à ses parents, un jeune maghrébin méritant, qui s’apprête à entrer dans la carrière glorieuse des juristes d’affaires (Sami Outalbali).
Quant aux gardiens, certes plus sympathiques, ils n’en sont pas moins obsédés par l’argent, vénaux jusqu’à la moelle, et comme tous les personnages ou presque, un peu trop portés sur la boisson (Ramzy Bedia et Laure Calamy).
Il ne faut pas longtemps au spectateur pour comprendre qu’avec une outrance volontaire le cinéaste nous brosse une galerie de portraits sur l’air de « tous pourris, tous coupables ».
Cette noirceur appuyée excessivement, donne à l’ensemble un ton de comédie italienne impitoyable (on pense notamment à certaines réalisations d’Elio Petri ou de Dino Risi).
Si le ton est à la rigolade, l’acidité globale empêche quand même un peu le rire franc.
Ainsi que l’impose le format, les personnages sont comme désincarnés, réduits à des stéréotypes, dans les réactions comme dans les dialogues.
N’empêche que sous l’excès perce un portrait au vitriol assez pertinent d’une certaine classe possédante, sûre de son bon droit en toutes circonstances.
Le reproche que l’on pourrait faire au film est de ne pas être au final très clair sur son propos, la classe moyenne, incarnée par un unique personnage, finissant par être la victime sacrificielle d’un accord évidemment impossible entre les puissants et les sans-grades.
« La Cérémonie » de Claude Chabrol (1995) conserve encore le titre de « dernier film marxiste » (comme le résumait son réalisateur).
Reste un jeu de massacre assez réjouissant, aussi bien filmé qu’interprété.
Sébastien Bourdon