« La Salle des Profs » d’Ilker Çatak

Dans un établissement scolaire d’une banlieue allemande sont commis des vols récurrents.

Carla Nowak (Emilie Benesch), remplaçante récemment intégrée comme professeure de mathématiques, avec une candeur faisant plus que friser la maladresse, pense avoir trouvé la coupable en la filmant à son insu. Faute d’obtenir ensuite ses aveux, elle passe à la dénonciation à la direction.

Cette initiative, aussi douteuse moralement que légalement, va entraîner une série d’événements qui vont mettre à rude épreuve cette jeune femme, et même l’établissement tout entier.

Sur le plan sociologique, le propos était prometteur, et tous les thème contemporains sont d’ailleurs tirés du chapeau : discrimination, racisme, autorité des enseignants, égalité des chances, liberté de pensée, société de surveillance, droit à l’image...

Qui trop embrasse mal étreint dit l’adage, alors pour éviter l’ornière, le réalisateur fait un choix plus habile, mais peut-être moins courageux : il survole les enjeux sociologiques pour s’attacher, et avec une indéniable efficacité cinématographique, à l’action pure.

En plans rapprochés, sans jamais sortir du gymnasium, il se colle aux basques de la jeune enseignante, attendant comme nous de voir les catastrophes advenir et à quel moment elle va craquer.

L’habileté du cinéaste est indéniable, le film est mené tambour battant, et le casting se met au diapason de la tension continue (la musique, faite de notes dissonantes, n’est pas moins exceptionnelle pour soutenir le suspens).

Au final, cela donne un habile produit filmé, plutôt fort bien fichu et qui vous accroche de la première à la dernière minute, mais qui ne prend guère le risque de la profondeur des sujets qu’il aborde.

Ainsi de la preuve par l’image, notion bien fragile dans un monde d’écran et de caméras partout, et qui eut mérité plus de hauteur de (prise de) vue.

Sébastien Bourdon