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« La Conspiration du Caire » de Tarik Saleh

mercredi 9 novembre 2022, par Sébastien Bourdon

Un Monde sans Femmes

Adam (Tawfeek Barhom) est un jeune pêcheur égyptien. On l’imagine relativement pieu puisque l’imam de son village lui annonce un beau jour qu’il est admis au sein de la prestigieuse université Al-Azhar au Caire.

Il fait alors ce voyage pour la première fois et la ville comme ce lieu semblent au jeune novice comme de grands sauts dans un immense inconnu qu’il va affronter avec le culot des timides.

L’intégration à l’université sunnite se révèle d’autant plus complexe que le jour de son arrivée meurt brusquement le grand imam de la mosquée, ouvrant de facto en son sein une guerre de succession.

Cette prochaine élection se révèle même un enjeu majeur sur le plan national : l’Egypte n’est pas franchement sécularisée et l’imbrication entre la religion et l’Etat oblige ce dernier à un interventionnisme aussi discret que violent dans l’atmosphère feutrée de l’édifice religieux.
Le candide pêcheur va alors sans le vouloir vraiment se trouver mêlé activement à ces implacables luttes de pouvoir et d’influences et y faire une formation intellectuelle assez éloignée de celle qu’il anticipait.

D’un parcours initiatique cruel, le réalisateur Tarik Salah parvient à faire un film éminemment personnel et esthétiquement superbe. Une fois encore, on recycle un genre, après le polar (« Le Caire Confidentiel » (2017), cette fois le thriller politique mâtiné d’espionnage. Impossible de ne pas penser à des œuvres passées, tel « Le Nom de la Rose » (Jean-Jacques Annaud - 1986), mais finalement cette violation de la candeur par un réel implacable évoquerait plutôt Mr. Smith débarquant au Sénat (« Mr. Smith Goes to Washington » Frank Capra - 1939) et y découvrant le mensonge, la manipulation et la trahison des idéaux.

Et c’est ainsi que lorsque le film s’achève est posée la seule question qui vaille, « qu’as-tu appris ? ».

Probable joli clin d’œil du réalisateur : le premier ami d’Adam, le personnage le plus doux mais pas moins lucide, s’isolant du mieux qu’il puisse des intrigues de la mosquée par la poésie et la musique, porte un teeshirt du groupe de death-metal Morbid Angel, « extreme music for extreme people ».

Sébastien Bourdon

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