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Kiss, le 7 juin 2022, Accor Arena, Paris - The End of the Road

jeudi 9 juin 2022, par Sébastien Bourdon

La fin des temps est proche semble nous assener l’époque. Il est vrai qu’il y a des signes qui ne trompent pas : après les adieux de Genesis il y a peu, Kiss passait une dernière fois à Paris pour la « fin de la route ».

L’avantage du Covid - il y en a sûrement bien un ou deux à cette plaie - c’est qu’il a repoussé les échéances, et si l’issue était donc annoncée, elle fut plus longue à venir.

De ce côté du clavier, on doit tout ou presque à Kiss. Un tel coup de foudre pour le son et l’image, ils ne sont pas si nombreux à le garantir. La vision, même fugace, de l’intérieur de la pochette de « Alive II  » (1977) peut en effet intrinsèquement suffire à convaincre de l’importance de ce groupe, sans en avoir alors encore entendu une seule note. On s’est fait ainsi happer pour ne plus en sortir, et ni la plongée dans le grunge, la fusion ou le Death metal ne nous ont jamais vacciné de cette passion primaire et première.

Le groupe a certes connu des passages à vide, entre départs de membres historiques (Peter Criss, Ace Frehley), décès de batteur (Éric Carr - intermède obligé dans un groupe de rock), disques démaquillés et sans entrain etc. Quant aux concerts de reformation dans la mouture d’origine au début des années 2000, ils sentaient trop l’appât du gain chez un groupe qui a d’ailleurs toujours beaucoup trop aimé l’argent (le mien notamment).

Et étonnamment, cette fin de carrière s’est révélée plus qu’honorable, entre disques honnêtes (« Sonic Boom » -2009, « Monster » - 2012) et concerts invariablement enthousiasmants. Et ce n’est finalement pas la moindre des élégances que d’arrêter avant qu’il ne soit trop tard, même si ça fait un peu mal quand même au fan de base.

Car de ce concert d’adieu parisien, il n’y avait pas grand chose à jeter : la magie était comme toujours construite sur un étalage assez inouï d’effets coûteux, mais nos yeux - derrière nos lunettes - n’ont pas moins brillé que les fois précédentes. On se sentait peu ou prou du même âge que les enfants extatiques qu’on y avait emmenés.

C’est peut-être ça qui nous a mis, au moins un bref instant, la larme à l’œil : qui demain pour nous faire rêver comme Kiss, tant est unique et anachronique aujourd’hui un tel spectacle ?

Cette débauche de son, d’explosions, de pyrotechnie, de lumières semble en effet complètement hors sol, genre on sent la Terre prendre quelques degrés à chaque concert. Pourtant, impossible de ne pas jouir sans entraves de cette gabegie, et de toutes façons la fête est bientôt finie.

Enfin, Kiss ne s’économise pas. Et au-delà de tous ces effets spéciaux, cela se ressent. On leur est infiniment redevable de nous avoir tant offert toutes ces années, d’avoir exécuté proprement la monotonie des jours, de nous avoir procuré cette sensation rare d’évasion joyeuse.

Et la musique dans tout ça ? Kiss n’a pas forcément toujours brillé par une colossale finesse dans la composition, mais a commis un impressionnant florilège d’hymnes à entonner joyeusement en chœur (« I Love It Loud  », « Lick It Up  », « I Was Made for Lovin’ You », « Love Gun » etc.).

A la question chantée par Paul Stanley - extraite de leur chef d’œuvre « Destroyer » (1976) - « Do You Love Me ? », la réponse fut naturellement et massivement, oui. Et merci encore, et toujours, et pour tout.

Sébastien Bourdon

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