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« Julie (en douze chapitres) » de Joachim Trier

vendredi 22 octobre 2021, par Sébastien Bourdon

About a Girl

Julie (Renate Reinsve) n’a pas trente ans, du moins au début du film, et se cherche un peu désespérément. Son parcours erratique va être divisé en douze chapitres, après une ouverture par un prologue, pour se conclure par un épilogue. Ce découpage narratif un peu arbitraire ne nuit finalement pas à un film qui, bien que dépassant les deux heures, s’avale d’une traite, ellipses inclues.

Assez emblématique d’une jeune femme bien plantée dans une génération qui se cherche plus longtemps que la moyenne, Julie a le charme de son errance, professionnelle comme amoureuse. Si ça ne lui va pas, elle interrompt, si absurde ou douloureux cela puisse paraître sur le moment.

Elle change soudainement d’études, de jobs, d’amoureux, surtout, et on relèvera la subtilité du film sur ce plan, ce faisant, elle se refuse aux clichés, aux destinées toutes tracées si facilement dessinées pour les femmes.

A trente ans, en Norvège il n’y a pas si longtemps, si on n’était pas déjà morte, on avait un mari et des palanquées d’enfants. Plus tard, on avait moins d’enfants, mais à tout le moins un travail, un homme, ou quelque chose d’approchant.

Julie, obstinément, s’extrait de ces schémas tenaces pour trouver quelque chose qui lui convienne plus, même si ça ne doit durer que six mois, et sans aucune certitude d’y parvenir, mais qu’importe, elle s’y efforce.

On peut aussi considérer, et c’est ce que semble sous-entendre le titre norvégien - « Julie, la pire personne au monde » - que cette jeune femme s’emploie mécaniquement à scier les branches sur lesquelles elle est assise.

Mais ce serait oublier que le film est vivant et drôle, comme son interprète principale. Julie a bien le droit de faire ce qu’elle veut de sa vie, après tout c’est la sienne.

On bascule quand même un peu dans la gravité vers la fin, ce qui ne gâte rien, bien au contraire, donnant plus de profondeur à l’ensemble.

Sébastien Bourdon

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