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Happiness (is the road)

jeudi 10 août 2023, par Sébastien Bourdon

Début août. Après la pluie à Paris, le pluie sur la route, tout a pris la couleur du macadam, version détrempée. Paris au cœur de l’été 2023, c’était la flotte jusqu’à l’obsession, douche à vélo comprise : le démarrage du lave-vaisselle ou le frottement des pattes de pigeon sur le zinc du toit, et nos cerveaux imaginaient que les éléments se déchaînaient à nouveau.

Première station service après les embouteillages, tout le monde parle italien, on est pourtant encore loin du but, mais la sensation est plaisante. La joie est - aussi - dans le trajet.

Le Morvan est particulièrement vert cette année, comme un village rétif qui résisterait au réchauffement du siècle par la pluie de la décennie.

Le soir, au restaurant, saisi d’abord par l’agacement - horreur, plusieurs enfants en bas âge à la table à côté - on verse ensuite du côté de l’empathie, voire de l’apitoiement.

On imagine le néant absolu des conversations, la crainte des réactions alentours, la logistique nécessaire pour faire finir les assiettes et coucher cette marmaille dissipée. Ce qu’on s’inflige tout de même. L’air épuisé de la mère et le sourire gêné du père, entre deux sorties sous la pluie pour vapoter, tout trahit l’abattement heureux, si une telle chose existe.

On repart, entre deux averses, jusqu’au pied des montagnes, celles qui font frontière. Le soir et la grisaille ajoutent à la tristesse typique de ces villes coincées en fond de vallée. Comme si on ne venait là qu’en attendant d’aller ailleurs, en haut de la montagne, ou de l’autre côté.

L’ensoleillement au matin réconcilie avec les lieux, inévitablement. On refait les mêmes ruelles, et c’est comme si la route s’était poursuivie durant la nuit, nous ramenant au même point, mais différemment.

Il y a toujours quelque chose de déroutant - si l’on peut dire - dans l’interruption d’un périple pour des raisons indépendantes de notre volonté : en général, on appelle ça un embouteillage.

Être coincé deux heures avant de payer une coquette somme pour rouler sous la Terre, sans raison apparente ni explication, voilà qui crispe quand on se serait bien vu passer ce temps perdu (qui ne se rattrape plus) de ce côté-ci des Alpes (celui d’où nous vous écrivons).

Sébastien Bourdon

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