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« Camille redouble » de Noémie Lvovski

mercredi 19 septembre 2012, par Sébastien Bourdon

Girls just want to have fun

S’il y a bien un être dans le cinéma français dont la présence réjouit, c’est Noémie Lvovsky. Peu d’actrices sont aussi drôles, ainsi en mère aimante et un peu étouffante dans « Les Beaux Gosses » de Riad Sattouf (2009) ou en pleureuse de cimetière dans le dernier Bruno Podalydès (« Adieu Berthe » - 2012). Mais, cette actrice extrêmement juste sait aussi incarner une belle forme de gravité, récemment en servante docile de Marie-Antoinette dans le dernier Benoît Jacquot (« Les Adieux à la Reine » - 2012).

Son dernier film comme réalisatrice (et actrice principale) surfe sur une belle vague d’enthousiasme médiatique, la dame Lvovsky respire l’intelligence et son œuvre s’en ressent. Elle ne se refuse au surplus pas grand-chose et même pas à l’inattendu, ainsi l’ouverture du film est complètement… gore. Magie du cinéma, cette comédie sentimentale commence par le tournage hilarant d’un film d’horreur. Puis vient le générique, superbe, où sur l’écran se déverse au ralenti et en apesanteur le contenu d’un sac de femme. La vie résumée à des objets qui traversent l’écran, comme lentement aspirés vers le bas.

A l’instar de l’héroïne, le spectateur s’interroge nécessairement de ce qu’il ferait d’un voyage dans le temps, plus exactement dans le passé. En effet, Camille, à quarante ans bien écoulés, voit son univers s’écrouler et ses rêves d’actrice de plus en plus s’estomper, dans les vapeurs du whisky qui plus est.

Alors que son mari a décidé de la quitter, elle s’évanouit lors d’un réveillon chez ses copines historiques (et hystériques) et se réveille projetée dans son adolescence. C’est évidemment d’abord extrêmement drôle. Sans user et abuser d’artifices, Noémie Lvovski nous rappelle que les années 80 dans un lycée (on disait un « bahut »), c’est toujours assez comique (et oui, on entend « 99 Luftballons »).

Le film amène évidemment à des questionnements plus graves. Si l’on doit tout revivre à nouveau, pourrons-nous faire cette fois en sorte d’échapper aux souffrances que l’on sait à venir ? Las, pas plus que la disparition de ceux qu’on aime, une telle projection dans le temps ne permet d’éviter cette gageure.

Toutefois, par de petits gestes, par une connaissance acquise, on peut quand même tenter d’appréhender un peu mieux le temps qui file, emportant ceux qu’on aime, avant de s’effacer soi-même. Le film ne parle que de cela, avec humour comme avec gravité, de la fuite inexorable des choses.

Sébastien Bourdon

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