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« Girl » de Lukas Dhont

mercredi 24 octobre 2018, par Sébastien Bourdon

To Be Or Not To Be

La mise en fiction de la vie quotidienne d’un jeune homme qui se sait jeune fille et décide de le devenir pouvait générer un lourd pensum sur le fait de grandir incompris dans un monde hostile. On se trouve en réalité face à une œuvre belle et intelligente sur le douloureux trajet qui mène à soi-même.

Lara (Victor Polster, éblouissant) est née garçon, en a les attributs, mais se sait, à juste titre de surcroît, femme et a hâte de le devenir. Pour cela, il y a la chimie et possiblement, dans un futur incertain et bien long à venir, la chirurgie.

Il y a la danse aussi, le ballet pratiqué avec la rage d’être, vu comme un moyen paradoxal de parvenir à ses fins, puisque l’épuisement quotidien du corps retarde en réalité sa possible métamorphose.

Porté par la danse, le film en a donc la grâce douloureuse. Lara souffre mais cet effort porte en lui de bien beaux résultats, la possibilité de faire la chorégraphie de sa propre existence.

Le film échappe à tout écueil prévisible en posant comme postulat - pas forcément attendu ou évident - que Lara est comprise, aimée et entourée. Son père l’accompagne du mieux qu’il peut dans une sollicitude inquiète, comme celle de n’importe quel digne parent (à laquelle s’ajoute la tendresse intarissable de son petit frère).

Quand aux corps enseignant ou médical, ils semblent constitués de gens à même d’accompagner cette jeune personne dans un parcours qui sera peut-être plus difficile encore à parachever que pour d’autres adolescents.

Preuve de l’empathie qui gouverne, les quelques saillies cruelles de ses camarades de classe sont somme toute assez classiques à ces âges, où bien que chantier de soi en cours, on trouve malin de se gausser de ceux qui sont plus petits, plus gros, trop grands ou trop maigres.

Le jeune cinéaste Dhont fait preuve d’une maîtrise sidérante de son art et, redisons le, offre un film à la rare beauté sur un thème universel : le chemin douloureux et compliqué d’être soi.

Sébastien Bourdon

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