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Et il est bien cet orchestre ?

IRON MAIDEN – Paris-Bercy, le 27 juin 2011

mercredi 29 juin 2011, par Sébastien Bourdon

L’autre jour, en réécoutant le dernier album en date d’Iron Maiden, sorti l’été dernier, « The Final Frontier », j’ai été à nouveau frappé par l’impression de parfaite maîtrise qui s’en dégage. Ce groupe, avec ses 35 ans de carrière discographique, n’a plus rien à prouver et cela s’entend. C’est un enregistrement libéré, aucune raideur ne se dégage de l’ensemble. Les musiciens jouent ce dont ils ont envie, sans aucune esbroufe ou putasserie. Au surplus, la production impeccable fait que l’on semble entendre les musiciens jouer dans la pièce. Ce disque vit à nos oreilles et le plaisir ressenti par ses compositeurs interprètes arrivent directement dans notre cerveau.

Cet album complexe et intelligent a rencontré un succès phénoménal dans le monde entier. En ces temps où la notion même de vendre des disques est en voie de disparition, le groupe anglais a affiché dès la première semaine de sortie des chiffres hallucinants, se classant numéro un en Nouvelle-Zélande, au Brésil, en Norvège, au Mexique… et même en France. Il ne faut jamais désespérer du grand public (à ma grande surprise).

Le slogan souvent affiché par les fans explique bien des choses : « Maiden is my religion ». Le groupe est devenu un phénomène global et c’est assez beau d’imaginer qu’à Djakarta ou à Vladivostok, il est toujours possible de deviser avec un fan de Maiden sur les mérites comparés de leurs albums. En tout état de cause, The Final Frontier est un de leurs cinq meilleurs disques*, c’est indiscutable.

Le groupe a entamé à la suite de cette sortie en août dernier une immense tournée mondiale à bord de leur avion «  Ed Force One », ce dernier étant d’ailleurs souvent piloté par le chanteur, Bruce Dickinson. Le but étant de jouer partout, dans une joie d’offrir rarement rencontré chez d’autres groupes à ce stade avancé de carrière.

En ce qui concerne notre territoire, il a fallu prévoir deux Bercy d’affilée, et à chaque fois les places se sont vendues en une poignée de minutes, sans publicité, ni plan médias. Le fan français est loyal et fidèle, et surtout a-t-on déjà vu un mauvais concert d’Iron Maiden ?

En entrant dans la salle où, miracle, il faisait un peu plus frais que dehors, j’ai croisé la charmante vendeuse de crêpes du Hellfest, venue en famille à Paris pour voir le groupe. Nous avons ri lorsque je l’ai reconnue et saluée. Il m’était assigné la tâche de garder dix places au plus près de la scène, afin qu’enfants, femme et amis soient le mieux placés possible. Pas vraiment une sinécure, le gardien des places, tout à son appréhension de conservation du territoire retenu, ne peut ni boire, ni manger, ni dévaliser les stands de merchandising. Tout le monde s’en fout, mais j’ai beaucoup souffert…

Finalement rejoint progressivement par une équipe âgée de 5 à 45 ans, j’ai enduré comme eux une première partie pénible (tous les clichés les plus éculés du genre et pas une once de chanson), tout à la joie de ce qui allait suivre. Car avant même la première note, nous le savons, le groupe va être enthousiaste et se jeter généreusement dans son large répertoire avec l’assentiment gourmand et passionné du public.

C’est ainsi que survolant sa vaste carrière, le Iron Maiden passera de « Where The Wild Winds Blows » à « Running Free » et « Dance of Death », sans oublier les indispensables « The Number of the Beast », « Two Minutes To Midnight » et « Fear of The Dark ». Sur ce dernier titre, comme le veut l’usage, le public chante à l’unisson de la première à la dernière note, j’en frissonne à chaque fois (et encore après coup). Public particulièrement bouillant puisque j’ai pu noter dans la fosse un petit « circle-pit » suivi d’un mini « wall of death », comme durant les plus belles heures de Clisson.

Si le groupe a éventuellement un peu perdu de sa fougue juvénile – et encore, ça se discute – il compense le temps qui passe par une aisance et une fluidité impressionnante dans l’exécution. Le tout avec le sourire et la bonne humeur. Iron Maiden est un monstre contemporain qui ne semble ne jamais se lasser de faire de la musique et d’être aimé, avec un public qui le lui rend bien. Et puis Bruce Dickinson a une voix qui sidère, j’en ai pleuré sur « Comin’ Home » et « Hallowed Be Thy Name ».

Le décor a de l’allure (une sorte de station spatiale abandonnée) et à la grande joie des petits comme des grands, Eddie a surgi à plusieurs reprises, terrifiant extraterrestre de pacotille. C’est un passage obligé, nous sommes aussi venus voir Eddie et il ne peut y avoir de concert de Maiden sans lui.

A la fin, alors que nous entonnons tous « Running Free », je réalise que Maiden a réalisé l’improbable synthèse du punk et du rock progressif et que cet alliage contre nature vieillit formidablement bien (le chic anglais sans doute). Les deux heures se sont évanouies dans la course du temps, nous retournons à la canicule parisienne, encore plus transpirants qu’en entrant, mais le cœur et l’âme comblés (et de la lumière dans les yeux des enfants).

Sébastien

* Mon top cinq :

Killers

Powerslave

Seventh Son of a Seventh son

Brave New World

The Final Frontier

Et le numéro complémentaire, un album live : Live After Death.

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