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Opeth (+ Grand Magus) - Paris l’Olympia, le 21 février 2025
samedi 22 février 2025, par
Swedish Delight
En ce Paris soudainement réchauffé et à nouveau pluvieux, l’Olympia affiche complet ce soir, se glisser au plus près de l’autel sera un peu sportif, mais finalement faisable.
Que dire de Grand Magus, qui ouvre le bal ? Ils n’ont pas inventé la poudre, savent probablement la faire parler, mais un son un peu faiblard et une musique totalement dénuée de mesures impaires peut finir par générer un peu d’ennui, si souriants soient les interprètes.
On s’esquive avant la fin pour boire une mousse, et on devise en bonne compagnie du meilleur qui est à venir, c’est-à-dire un concert d’Opeth.
Il existe peut-être des béotiens pour l’ignorer : le risque de déception est inexistant avec ce groupe suédois, chacun de leurs concerts est garanti au-dessus des normes qualitatives du tout-venant, et même au-delà.
À un répertoire riche et varié, s’ajoutent des compétences d’interprétation proprement bluffantes. La musique d’Opeth est en effet aussi dense que complexe, et la restituer sur scène dans sa subtilité comme dans sa puissance n’est pas une mince affaire.
C’est ce à quoi s’emploie le quintet avec une aisance proprement déconcertante : tricoter les notes d’un death metal progressif et mélodique comme si c’était une ballade au parc.
Opeth est certes un groupe, mais cela n’en est pas moins surtout la chose de Mikael Åkerfeldt (chant, growl, guitare), leader et principal compositeur des arpèges savants dont il a le secret.
Homme de goût, le natif de Stockholm a su mêler avec le plus grand bonheur ses influences de mélomane chevronné, du death metal le plus brutal, au progressif anglais comme au mouvement folk des années 70. Affinant ses recrutements comme ses arrangements, il a fait de son groupe le leader incontesté d’un genre qu’il a quasiment crée, depuis souvent imité et très peu égalé.
Åkerfeldt est de surcroît un véritable comédien, profitant des accordages d’instruments pour se mettre plus encore la salle dans sa poche de ses saillies drolatiques, ajoutant encore à la fête.
Il est le patron évident des types du fond de la classe, de ceux qui n’ont pas le physique, mais les rêves et la soif, et qui un jour miraculeux jouent leur musique dans des salles combles, finalement rois d’un petit monde merveilleux.
Musique de feu qui vient du froid, nous nous sommes tenus durant deux heures sous le feu roulant des instruments, dans une alternance d’atmosphères propice au grand voyage, entre rêveries éthérées et tempêtes de flammes rouges.
« Insensiblement ce grand mouvement s’apaise, ce chaos se débrouille, chaque chose vient se mettre à sa place » Jean-Jacques Rousseau
Sébastien Bourdon