« En Même Temps » de Benoît Delépine et Gustave Kervern

Un politique de droite décomplexée (Jonathan Coen) part à la rencontre d’un élu écologiste (Vincent Macaigne) afin de le convaincre de soutenir la construction d’un projet de parc de loisirs en lieu et place d’une forêt millénaire.

Le premier est un crétin prétentieux et cynique quand le deuxième est un idéaliste convaincu mais empoté. Leur virée va soudainement prendre une tout autre tournure quand une virago féministe les encolle l’un à l’autre.

Tout les sépare ? Les voilà irrémédiablement enchaînés l’un à l’autre tels Tony Curtis et Sidney Poitier dans « La Chaîne » (Stanley Kramer 1959). Et ces bipèdes devenus quadrupède de tenter de trouver la meilleure façon de marcher, « gauche, droite, gauche, droite ».

Une nuit en Occitanie pour trouver un moyen de se désencoller et au cours de laquelle ils vont enchaîner les rencontres désopilantes. Ces saynètes, sans nuire à la continuité du film, permettent aux réalisateurs d’écorner à chaque fois une tendance sociétale, de la langue inclusive en passant par l’écologie ou le Covid.

On tient là sans doute le film le plus drôle de Kervern et Delépine, l’écriture a en effet rarement été aussi maîtrisée chez eux, quand bien même la folie douce ne cesse pas de caractériser leur cinéma.

Les trouvailles fusent, que ce soit au niveau du texte comme de l’image. Les cinéastes persistent dans un ton comme dans une esthétique, multipliant les légers décalages visuels, les plans improbables et les décors au diapason du délire de l’époque.

Personne n’est épargné, mais il n’y a ni leçon, ni morale, si ce n’est de rejoindre invariablement le parti d’en rire.

Sébastien Bourdon