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« En Liberté » de Pierre Salvadori

lundi 17 septembre 2018, par Sébastien Bourdon

Free as a Bird

Le réalisateur Pierre Salvadori possède et maîtrise un langage comique à part dans le cinéma français. Douce-amère et élégante, teintée d’étrangeté et de mélancolie, sa production survole largement le tout-venant d’une souvent déprimante production nationale, trop souvent préfabriquée à base de gaudriole sur clichés, qu’ils soient de banlieue ou de province.

Ici, s’inspirant probablement d’affaires récentes de flics véreux, Salvadori réalise une comédie alternant moments de pur délire burlesque avec échappées rêveuses.

Une veuve de flic (Adèle Haenel), exerçant la même profession, découvre dans l’exercice de ses fonctions que son mari décédé au champ d’honneur était en réalité un pourri de la pire espèce.

Elle apprend notamment qu’un brave employé de bijouterie (Pio Marmaï) a passé huit ans en prison pour un méfait qu’il n’a pas commis, et que cette injustice sciemment organisée n’avait pour seul but que de couvrir les carambouilles de feu son époux.

Elle décide alors d’aider ce pauvre garçon, faisant ainsi se télescoper l’innocence réelle de l’un avec le sentiment de culpabilité de l’autre. Las, c’est oublier que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Cette fausse bonne idée met donc en place une mécanique particulièrement périlleuse dont on ne révélera pas tout ici, au risque de gâcher la surprise du lecteur, qui est également un potentiel spectateur.

Si la comédie repose le plus souvent sur des alliances de contraire, ce système un peu usé et prévisible est ici très justement dévoyé, par l’irruption de personnages secondaires surtout pas annexes (Audrey Tautou, Damien Bonnard). Le film échappe donc intelligemment aux habituels préconçus du genre, s’agissant notamment des sentiments. L’amour triomphant n’est pas forcément là où on imaginerait qu’il se pose in fine, il se développe ailleurs et librement, trompant le spectateur sur ce qui lui semblait prévisible et inévitable.

Le film ne cesse donc de surprendre et déconcerter. Faute de pouvoir avoir la moindre influence sur les événements, optons pour les voies de traverse du rire (le sadomasochisme, source inépuisable de gags) et de la rêverie (les sentiments et leur valse).

Sébastien Bourdon

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