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Die Mauer ist weg

jeudi 8 avril 2010, par Sébastien Bourdon

Le Mur est tombé alors que j’avais 18 ans. A la fac, où je traînais ma langueur de vivre, il fut à cette occasion organisé un voyage pour Berlin. Je me souviens encore de ce prof de Relations Internationales qui, dans l’amphi, nous avait vivement enjoints de prendre ce foutu car et d’aller voir en vrai un « évènement historique ». Soucieux à l’époque de ne surtout pas être heureux, je n’ai évidemment jamais pris cet aller-retour pour Berlin.

Je le regrette encore. Et ce n’est pas ce séjour berlinois durant le week-end pascal qui va faire disparaître cette aigre sensation. Mâtin, quelle ville. Tout est neuf, mais le vieux est partout, jamais totalement éradiqué, des villages néolithiques de pêcheurs au bord de la Spree en passant par les caves de la Gestapo, des traces du Mur aux splendeurs néo-gothiques. On en vient à regretter que Paris n’ait jamais été bombardée face à une telle créativité. Certes, la normalisation est quand même un peu en route depuis plus de 20 ans qu’a disparu le Mur (un petit tour sur la Potsdam Platz peut en convaincre). De la même manière, le côté ville où s’encanaillent en boîte le week-end les garçons coiffeurs et les auditeurs des Big 4 laisse à penser que la techno underground gît aujourd’hui dans le même cimetière que le punk-rock.

Mais Berlin groove encore. Je n’en doute pas.

Tout cela ne nous amène pas forcément à ce qui va suivre, mais who cares ? C’est moi qui écrit, je fais ce que je veux, libre à vous de lire n’est-ce pas.

Comme le disait feu ma grand-mère, « le piano, c’est tout ». Elle est entrée un jour dans ma chambre et m’a demandé à écouter un morceau de ces Guns n’ Roses « que mes petits-enfants aiment tant ». Elle s’est assise sur mon lit et je lui ai mis « Yesterdays » (Use your illusion vol. 2), forcément il y a du piano sur celle-là. Elle avait trouvé ça « pas mal ».

Nous voilà donc salle Pleyel pour écouter un sémillant sexagénaire, Murray Perahia. Ce pianiste reconnu, plusieurs fois éloigné de la scène au cours de sa carrière du fait de problèmes de santé, était là pour nous jouer un récital de soliste. Quatre compositeurs étaient de la partie : Bach, Beethoven, Schumann et Chopin.

J’ai un peu de métier sur les concerts classiques et j’apprécie toujours de m’y rendre. Peut-être parce que c’est un truc que je faisais beaucoup enfant, avec mes parents, pendant les vacances. S’endormir sur les sièges durs des abbayes, bercé par Bach, c’est beau.

S’endormir au concert est d’ailleurs presque un rituel dans ce milieu. A s’efforcer de faire le moins de bruit possible pendant la musique, on court le risque de piquer un peu du nez. Seul le droit de tousser entre chaque pièce réveille un peu. Mais surtout, quand c’est fini, d’un coup, on le droit de gueuler. Et là, forcément, ça m’enchante et je ne me prive jamais de crier à tue-tête « ‘Vo !! » (contraction du mot « bravo »), exclamation presque sacramentelle et en tout cas incontournable.

Pour en revenir au concert lui-même, l’austérité des partitas de Bach m’a peu touché (« la machine à coudre » quoi). J’avoue avoir toujours préféré Schubert chez Maria Joao Pirès à Bach chez Gould. La sonate de Beethoven fut également un peu empruntée pour mon goût.

Après l’entracte, place aux tubes, les « Kinderszenen » de Schumann et surtout Chopin. On sent là le Perahia infiniment plus à l’aise, promenant ses doigts en tous sens sur le clavier, avec vigueur et dextérité, empêchant cette fois tout le monde de s’assoupir dans la salle. Cette délicatesse et cette vélocité, il est vrai que ça ne manquait pas d’allure.

Un rappel (du Schubert ?) et hop, les bourgeois quittent la salle Pleyel pour battre le pavé de la rue du Faubourg Saint-Honoré. Belle et paisible soirée.

Sébastien

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