Décollage Imminent

Et nous voilà de retour dans un aéroport. Petit blanc privilégié qui, le pauvre, n’avait pas senti l’odeur du kérosène de longue date, pandémie oblige.

C’est le joli mois de juillet parisien, où la menace pluvieuse s’est faite plus prégnante que celle du coup de soleil. Cette hostilité micro-climatique ne devrait pas empêcher de donner à Roissy à cette époque de l’année comme un immédiat parfum de vacances.

On a pourtant la tenace impression de ce que ce ne serait plus tout à fait comme avant. Les lieux semblent bien vides et résonnent plutôt des absences. Il y a si peu de gens dans les allées, d’ordinaire bien plus encombrées à l’heure des grandes transhumances estivales.

Subsistent toutefois, mais encore multipliés, les savants tracas inventés pour ne surtout pas faciliter la vie du passager : des mensurations ad hoc des bagages cabines au passeport vaccinal, sésame de la fuite 2021.

Ceux qui m’aiment prendront le train, se dit-on in petto. En plus, on me glisse dans l’oreillette que ce serait un mode de transport bien plus adapté à un monde essoufflé, brûlant toujours ses ressources raréfiées pour mieux ignorer qu’elles ne sont pas pérennes.

Le soleil descend sur les pistes, l’avion a du retard, comme la vie d’avant qui s’est faite un peu attendre et qui, toujours menaçante, se réserve la possibilité de s’esquiver à nouveau.

Finalement, on embarque, avanti.

Une fois en l’air, on aurait envie de photographier les nuages, comme un bleu qui prendrait l’avion pour la première fois. Les turbulences liées au temps agité vous rappellent que, quoiqu’en disent les statistiques, cela reste un truc vaguement inquiétant que de voler quand la nature nous a faits pour être cloués au sol (ça me rappelle une chanson de Francis Cabrel).

Qui sait, peut-être applaudira t’on l’équipage au moment de l’atterrissage, c’est tendance.

Sébastien Bourdon