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« Comme une Actrice » de Sébastien Bailly

samedi 11 mars 2023, par Sébastien Bourdon

Penser à Prendre ses Gouttes

Ce n’est pas si fréquent qu’il n’y ait absolument rien à tirer d’un film. La magie du cinéma se glisse parfois en des scénarios et mises en scène impossibles, et on trouve à sauver, qui sait, quelques plans, une ritournelle, une scène où miraculeusement l’émotion affleure.

Mais là, l’exercice est complexe, tant le film dont il est ici objet est infréquentable (d’ailleurs la salle était vide). On ne s’étendra pas sur ce qui nous a amenés à le voir, et qui est essentiellement lié à son horaire et à notre appétit préalable à la séance.

Rappelons l’histoire, une actrice sur le retour (Julie Gayet), se sentant menacée par l’âge dans son métier comme dans son couple, se fait fournir par des chinois des gouttes apaisantes (une sorte de Lexomil, probablement concocté avec des restes d’animaux dont le commerce est interdit par une convention internationale).

Le film fleurant avec un fantastique qui se voudrait inspiré d’Oscar Wilde et Balzac, elle découvre que, pour peu qu’elle en abuse, le produit lui permet de se transformer en des créatures réelles plus fraîches, à même de ramener entre ses cuisses un mari lassé de son couple vieillissant. Car, et c’est là que la morale du film est insupportable, au bout de vingt ans de mariage, l’homme regarde ailleurs, son désir largement émoussé, quand la femme ne voudrait rien d’autre que cet amour de jeunesse qui serait pour elle éternel.

La question n’est donc pas la survie de l’actrice au travers de l’âge, mais sa capacité à rester bankable (comprendre baisable) au sein du foyer.

Et ici la morale est d’autant plus sauve en l’espèce que le mari n’est finalement volage que dans les bras de sa légitime épouse, cette dernière ayant pris, grâce aux sortilèges asiatiques, les traits d’une autre dont il s’éprend (Agathe Bonitzer).

Voilà pour le fond, qui est désastreux au point de donner envie de lire du Mona Chollet. Et le propos est tellement exaspérant, porté de surcroît par des dialogues indigents, que la forme ne nous frappe guère, nous sommes déjà à terre (et atterrés).

On relèvera quand même que Julie Gayet joue bien, et il en faut du talent pour nous faire croire à des tourments aussi peu crédibles et tellement embarrassants. Quant à Benjamin Biolay, il ne chante pas, c’est déjà ça.

Sébastien Bourdon

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