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Bang, bang, bang, vamanos, vamanos !!!

HELLFEST 2011 – Clisson, 17, 18 et 19 juin 2011

lundi 27 juin 2011, par Sébastien Bourdon

Le Hellfest est une période de l’existence où notre seule vicissitude quotidienne est de décider à quel concert se rendre, où notre vie se réduit à un choix cornélien du type « Terrorizer Tent ou Mainstage 1 ?? », « Cavalera Conspiracy ou Kylesa ? ». Et tout cela, dans la joie et la bonne humeur, entouré de gens charmants.

A ces abîmes de perplexité joyeuse s’ajoute une autre difficulté journalière : décider avec quoi se nourrir. En général, nonobstant la variété incroyable de stands où se sustenter sur place, on termine invariablement à la galette andouille – fromage (en plus, la faiseuse de crêpes est fraîche et ravissante). Oui, effectivement, pendant trois jours, c’est un régime alimentaire un peu lassant, même si on le complète avec des céréales (du houblon principalement). Heureusement, dans notre petit nid mâle et douillet, on fait les courses au supermarché local et on se prépare des brunchs somptueux (yaourts, œufs, jus d’orange, ratatouille et… saucisses).

Je ne referai pas une chronique sur la province, je ne veux pas d’ennuis (!), mais en arrivant à Clisson, nous n’avons pu que constater le formidable décalage existant entre les unes de la presse locale (« les festivaliers arrivent, la ville se prépare ») et la réalité du terrain. Pratiquement tous les restaurants étaient fermés et les rares ouverts nous refoulaient à 9 heures moins le quart, pour cause d’arrivée « trop tardive »… Je m’imagine ce qu’a pu penser de cette ambiance un métalleux venu de Barcelone par exemple.

On s’est finalement rabattu sur la même gargote infâme que l’an passé, seule ouverte à cette heure avancée de la nuit (21 heures donc). Bilan : toujours aussi peu aimables et toujours aussi mauvais.

En retournant à la voiture, marchant dans les jolies rues médiévales de Clisson, nous avons croisé un rat que nous avons poursuivi, entamant ainsi notre virée par une activité somme toute assez metal. Des touristes nous ont alors dit, « vous aussi, vous en êtes réduits à ça ici pour vous nourrir ».

Pour faire bonne mesure, le lendemain, en partant tranquillement après le brunch vers le site, nous avons été arrêtés par les gendarmes pour un « contrôle de routine ». Vraiment, ce pays a un sens de l’accueil extrêmement développé.

Le cru Hellfest 2011 allait se révéler plus rude que les précédents, il pleut, et c’est couverts de vêtements de pluie que nous pénétrons le site en début d’après-midi (après les courses de bouche au supermarché).

Premier concert du jour et du festival pour nous : The Cult, sur la Mainstage 1. Nos vieux camarades anglais entament leur set par un « Rain » de circonstance, mais c’est le moment que choisit le soleil pour finalement surgir. Ce sera toutefois une de ses rares apparitions, l’eau gagnera la partie.

Ian Astbury, ci-devant chanteur, a encore pris du poids depuis la dernière fois (le poids des ans, au propre comme au figuré) mais était en voix et a semblé tout le long du concert d’assez bonne humeur, ce qui est assez inhabituel chez lui. Son compère à la lead guitar, Billy Duffy, faisait quant à lui plutôt la tronche, mais cela ne gâtera pas son talent, ni notre plaisir. J’ai noté notamment une très belle version d’un morceau pas si souvent joué, « Sweet Soul Sister ».

Ian Astbury, ne se revendiquant pas métal, s’est un peu moqué des spectateurs du festival en ces termes : « Young men into metal, it’s ok, you’ll find a girlfriend eventually... ». Encore un cliché tenace, ainsi, aucun de nous sept n’était célibataire, même le plus jeune d’entre nous…

Très bonne entrée en matière, il semble que cette journée, si l’on excepte les conditions météorologiques, augure du meilleur.

Une crêpe au sucre pour la route et nous pénétrons la Terrorizer Tent (que nous ne quitterons guère tout au long de ces trois jours) pour le stoner instrumental de Karma To Burn. La tente est bondée, le festival est complet et ça se voit. Le groupe, avec un son particulièrement épais et fort, joue droit devant, mais non sans groove et vélocité. Pas grand-chose à en dire, si ce n’est que c’était bien comme un concert de Karma to Burn (ce qui est déjà beaucoup, vous l’aurez compris)

Les choses sérieuses commencent sous une pluie torrentielle : Down sur la Mainstage 1. Ce déluge ne freinera ni le groupe, ni le public. Jouant des titres inhabituels, le groupe fait preuve d’une belle cohésion et comme à son habitude, le frontman Phil Anselmo galvanise la foule. On notera également qu’en homme du peuple soucieux de ses fans, il passera beaucoup de temps au bord de la scène, histoire de prendre autant d’eau que ses spectateurs. Ce n’est pas grand-chose, mais ça rend le personnage touchant dans sa sincérité.

Alors que le groupe entame une très belle version de « New-Orleans is a dying whore », je réalise que cette musique fait appel à la colère comme à la mélancolie. Lors d’un concert de Down, comme dans un roman de James Lee Burke, il me semble voir errer comme des fantômes le long du Mississipi.

Après toutes ces belles émotions, une pause crêpes et bière s’impose, ces activités réparatrices étant suivies d’un peu de shopping à l’Extreme Market, entre le vent et les trombes d’eau.

Je reviens sur la Mainstage 1 pour écouter de loin, un peu distraitement, l’apparition inattendue dans un tel festival d’Iggy and The Stooges. Je me rends compte en chantonnant mécaniquement les titres que j’ai finalement du pas mal écouté ce groupe ! Toutefois, la sauce ne prend pas, seul Iggy s’agite, mais le groupe semble terriblement usé et fatigué. Je préférais l’Iguane quand il se faisait accompagner de jeunes bûcherons, plutôt que cette reformation un peu moisie.

Le soir est là et s’installe le premier coup de barre, dans un doux mélange de froid et de fatigue.

L’autre jour, mon fils aîné est descendu prendre son petit-déjeuner en me déclarant « Papa, j’adore Clutch ». Et il a raison, ô combien. Dès les deux premiers morceaux (« Mob Goes Wild » et « Profits of Doom ») la fatigue est oubliée et est déjà ancrée en vous la conviction que ce sera un des concerts de votre vie. Il fait chaud sous la tente et la vie est belle.

Ne conservant que peu de leur hardcore des origines, et le mêlant de racines stoner (« Immortal ») avec un blues blanc sans scories (« Electric Worry »), le groupe swingue de manière infernale et irrésistible (Jean-Paul Gaster, président). Leur chanteur barbu, Neil Fallon, ressemble à un prédicateur halluciné et nous buvons ses paroles. Avec ce concert, tant attendu d’un groupe si rare en France, le public extatique semble rencontrer des sensations équivalentes à une nuit d’amour avec une femme rêvée depuis des années. Avec un résultat à la hauteur des espérances !

Après une petite promenade et l’écoute rapide de Rob Zombie (trop froid et mécanique pour moi, même si le show est assez beau), on retourne vite sous la tente pour la suite, les Melvins. Une première constatation s’impose, ils jouent de plus en plus fort avec les années (il est vrai qu’ils se sont adjoints les services d’un deuxième batteur, alors que le premier, Dale Crover, avait déjà une frappe particulièrement efficace). Nous sommes tous comme abasourdis par le son et par la complexité de ce qui est joué devant nous. Les Melvins emmènent le metal dans une autre dimension, relevant presque de la musique contemporaine. Les expériences bruitistes les plus singulières se mêlent à l’exécution de leurs classiques revisités et à une somptueuse reprise d’Alice Cooper.

Sur le côté de la scène, nombreux sont les musiciens jouissant du spectacle, le groupe Down est ainsi au complet, manifestant bruyamment son enthousiasme devant cette musique extraordinaire (Phil Anselmo ne résistera pas et, à la fin du concert, avec son batteur Jimmy Bower, viendra remplacer les batteurs des Melvins).

Notre carcasse crie pitié mais nous optons pour la résistance et entraînons ce qui nous reste de jointures et ligaments dans le rock spatial de Monster Magnet. Si le groupe a été renouvelé, que son leader a gagné en poids ce qu’il a perdu en dépendance aux drogues dures, la musique perdure. Le ton monte progressivement comme la vie revenue dans le corps du toxico. Lorsque résonnent certains vieux tubes de la période « Dopes to Infinity » (1995), reviennent des souvenirs de révisions d’examens dans la campagne normande et le parfum des Délice Chocs. Ceci posé, le concert manquera quand même un peu d’intensité au regard des deux qui l’ont précédé. Il est deux heures du matin, largement le temps de rejoindre nos pénates.

Au réveil (à 11 heures…), chacun peut ici tester ses aptitudes au vieillissement. Se pose ensuite la question de l’habillement. Le métalleux est coquet et soucieux d’afficher auprès de ses pairs ses plus beaux tee-shirts avec ses groupes préférés. C’est un langage qu’il convient de savoir parler, une manière de se lancer des signaux de connivence et de fraternité. Cela étant, le climat breton va nous empêcher de beaucoup exposer nos liquettes, préférant s’équiper de vêtements plus adaptés aux intempéries.

Triste nouvelle, nous avons à déplorer dans notre équipe un abandon, dû à un banal accident de pied lors de l’accompagnement d’une sortie scolaire (metal non ?), ce dernier devenant trop douloureux pour poursuivre une aventure qui nécessite ses deux jambes.

Arrivés en début d’après-midi, nous commençons paisiblement avec les papys de UFO sur la Mainstage 1. C’est toujours plaisant, mais bon c’est quand même déraisonnablement poussif.

La journée commence vraiment, encore avec des vieux, mais avec plus d’appétit : Thin Lizzy. Le plaisir d’entendre les merveilles discographiques de ce groupe que l’on imaginait disparu fait effet, nous oublions même le retour de la pluie (pendant « Whisky in the Jar », ça ne s’invente pas). La prestation se révèle comme à Paris, à la hauteur du créateur disparu (Phil Lynott) de ce groupe à l’élégance légendaire. On continue à frissonner de plaisir en apprenant que les « Boys are back in Town ». Seuls bémols : la basse sature et pas de « Still in Love with You ».

Petite pause à base de nouilles chinoises végétariennes et crêpe fromage (hmmmmmm).

Le programme n’étant pas chargé nous optons pour une visite de la Rock Hard Tent où est programmé un groupe de Black Metal, 1349. C’est toujours amusant et cela nous permettra de baptiser le candide de notre groupe à ce genre d’expérience en concert. Leurs compositions efficaces et pas toujours linéaires avec une atmosphère typique (maquillage et grognements) donnent un charme indéniable à l’ensemble.

Changement radical d’ambiance avec l’arrivée, coiffe de chef indien sur la tête, de Zakk Wylde et de son Black Label Society sur la Mainstage 1. Cette prestation constituera ma première déception du séjour. Ces vedettes américaines de fin de journée donnent quand même plus l’impression de poursuivre un plan marketing que d’une envie réelle d’en découdre. Nous partons quand Zakk commence un solo de guitare qui va durer des heures et générer un abyssal ennui.

La journée n’a pour l’instant pas été très exaltante mais je réalise d’une oreille distraite qu’au loin, de la Terrorizer Tent, semble se dégager une énergie incroyable. Un tabassage en règle même. Je propose une visite et nous voilà partis à la rencontre de Terror, groupe de hardcore, originaire de Los Angeles. Nous entrons dans un tourbillon de poussière qui n’a rien à envier aux volcans islandais. Le public saute en tous sens, sans précaution pour soi comme pour les autres, tandis que s’enchaînent sous l’autorité du frontman déchainé les circle pit, mosh pit et autres slamdivings. On est dans le brutal, sur la scène comme dans le public. J’opte pour un regard distant, prudent, mais passionné. La claque de la journée. « I spit my rage in your fuckin’ face ».

Radical changement d’ambiance avec les Scorpions. Dans cette journée un peu axée sur le troisième âge quand même, feront-ils bonne figure ? La réponse est non et nous partons nous réfugier près du feu, suivant tout cela de suffisamment loin pour ne plus subir ce spectacle de rockers usés n’ayant plus à offrir qu’un spectacle relevant du recyclage sans fin. Même à distance, on subit les éternels et abominables solos de batterie ou de guitare, ringards et démonstratifs d’une technique et d’une créativité affligeantes. Même « Still Lovin You » ne réveillera pas ma nostalgie. Une chance qu’ils aient écourté leur set prévu pour durer deux heures.

Frigorifié, je ne reste que pour saluer la mémoire de Patrick Roy. En effet, les organisateurs du Hellfest avaient prévu de rendre hommage au défunt député, qui les avait tant soutenus, passionné qu’il était par la musique et le heavy metal en particulier. Est ainsi projeté sur l’écran géant l’extrait de l’un de ses discours à l’Assemblée Nationale, salué ici par la clameur d’une foule immense, le poing levé (j’en frissonne encore). Cette projection est suivie d’un feu d’artifice sur la musique d’AC/DC (« For Those About To Rock, We Salute You », j’en ai encore les larmes aux yeux). Un beau moment à la gloire de nos héros récemment disparus, de ce député à la veste rouge en passant par Ronnie James Dio et Peter Steele.

Les concerts commençant à une heure du matin étaient alléchants (Coroner, Triptykon et Bad Brains), mais ne sachant lequel des trois choisir, j’opte pour mon lit !

Le lendemain matin - enfin à midi - en se levant et en effectuant quelques étirements de maître yogi, on se dit qu’idéalement, on devrait enquiller une semaine de thalassothérapie après le festival.

Nous débutons notre ultime journée par Orphaned Land, groupe israélien de folk metal (le metal est spécialiste du sous-genre). Est ainsi mélangé au doom/death metal, la musique juive orientale (chant en hébreu et on note même la présence d’une danseuse du ventre - tatouée évidemment). Le vent du désert souffle sur la Loire-Atlantique. Le mélange est détonnant et le groupe sera convaincant dès son entrée sur scène.

Le chanteur, une sorte de Jésus en toge blanche et pieds nus, brandira avec la danseuse les drapeaux israéliens et libanais, rappelant le slogan du Hellfest cette année : « Our music, our religion ». Un message de paix et d’amour fort bien reçu.

Ce concert terminé sur la Mainstage 2, nous n’avons qu’à nous tourner légèrement pour écouter Loaded sur la Mainstage 1, le nouveau groupe de Duff Mc Kagan, ex Guns n’ Roses. Sympathique mais cruel est le manque d’originalité après Orphaned Land (et avant Ghost). Ce concert ne décollera vraisemblablement que s’il joue des titres de son ancien groupe, ce que nous ne verrons pas. Où est le punk de mes 20 ans ?

Nous quittons vite les lieux pour être bien placé pour le concert de Ghost, la sensation métallique du moment. Ce groupe avec son premier album n’a pas usurpé son exceptionnelle réputation. Un son et une identité portés par un indéniable talent de composition, d’interprétation et de mise en scène. Tous les musiciens sont masqués de noir et vêtus d’une robe de bure, le chanteur est quant à lui habillé d’une tenue complète d’évêque démoniaque, avec sous la mitre, le visage grimé en une tête de mort grimaçante. Tout cela donne une atmosphère incroyable au concert, tout en étant en réalité assez drôle.

C’est donc un univers complet qui nous est servi et force est de reconnaître que l’on n’a jamais entendu des chansons aussi fraîches et envoûtantes évoquant principalement le satanisme. Leur set est également agrémenté d’une reprise inattendue du « Here Comes The Sun » des Beatles. La sensation, non usurpée, du moment.

Premier dilemme de la journée : Kylesa ou Cavalera Conspiracy ? Pendant que se lance déjà la machine de guerre brésilienne, nous optons pour la tente et Kylesa. Dès le début du concert la déflagration est phénoménale, comme d’habitude en somme. En plus des deux batteurs impulsant un rythme infernal à la musique du groupe, comment ne pas être fasciné par la voix de la guitariste Laura Pleasants, à la fois hurlante et fantomatique. Une sensation incroyable, mais indéfinissable, se dégage lorsqu’elle prend le micro. Comme une tristesse qui ne se résigne pas.

A la vitesse des deux batteurs de Kylesa, la journée file. Mieux qu’hier, mais hélas pas de demain.

A peine la dernière note entendue, nous courrons entendre la fin du set des frères Cavalera, juste le temps d’entendre l’hymne « Roots, Bloody Roots », petite parenthèse brutale, avant de s’envoler avec la musique d’Anathema.

Nous sommes alors littéralement terrassés par autant de douceur. Des effluves d’amour viennent se mêler à la poussière. S’il ne faisait pas plein jour, je suis certain qu’on s’embrasserait tous.

La délicatesse de l’instrumentation souffre un peu hélas des conditions extérieures. Le son n’est pas à la hauteur des vues aériennes de la musique. De même que le batteur…

Petite pause, on donne de ses nouvelles à sa famille qui nous croit maintenant disparu, pour cause de saturation du réseau local.

Nous nous plaçons d’ores et déjà pour le set à venir des vétérans Judas Priest et écoutons en attendant agréablement l’allemande Doro, chanteuse pourtant totalement ignorée de notre discothèque. Nous ne pourrons que saluer sa belle énergie et son entrain communicatif. « MILF Power » crieront certains. Certes, c’est ce que l’on pourrait appeler du gros rock teuton années 80, mais joué à l’exact opposé de Scorpions la veille, avec une joie et une envie communicatives.

Je n’avais jamais vu Judas Priest, je ne sais même pas pourquoi, j’adore ce groupe depuis si longtemps. Nous étions cependant tous sceptiques quant à ce concert, le guitariste fondateur KK Downing ayant eu l’idée saugrenue de quitter le navire en pleine tournée « Epitaph » (la dernière tournée donc). Nous avions eu tort, l’honneur est sauf, « the Priest is back ». Le petit jeune remplaçant a abattu un boulot formidable et qui sait, peut-être a-t-il redonné l’envie à ce groupe, ce qui pourrait expliquer le show plein d’allant auquel nous avons assisté.

Et puis, quel répertoire ! Les titres piochés sur toute leur carrière se sont succédés, expliquant à eux seuls les causes d’une aussi belle longévité (« Beyond The Realms Of Death », « Painkiller », « Breaking The Law », « The Green Manalishi », « Judas Is Rising »…). Il me semble déraisonnable d’imaginer que Judas Priest arrête de tourner, on en veut encore.

Nous tentons à l’issue de ce set de pénétrer à nouveau la Terrorizer pour aller écouter Electric Wizard, las, la tente est tellement pleine que nous sommes obligés de rester à l’extérieur. Le son étant extrêmement fort et dense, ce n’est point trop grave. En revanche, nous distinguons à peine les musiciens et ne voyons que peu la projection sur un écran derrière le groupe : un film érotico-violent datant vraisemblablement des années 60.

Après quelques retrouvailles étudiantes et confraternelles, alors que j’avais été sévère sur la prestation d’Ozzy à Bercy l’an passé, je redonne sa chance à cette vieille baderne. Comment ne pas en avoir envie, lorsque l’on voit cette foule massive réunie pour entendre une fois encore Ozzy, le seigneur du petit peuple des ténèbres ? Ils sont venus, ils tous là, pour crier à la lune avec lui.

Las, si les premiers titres font illusion, le bonhomme n’est pas au mieux de sa forme et sa prestation est une fois encore massacrée par les bourrins qui l’accompagnent. On n’évoquera pas ici les inévitables solos (de guitare, de batterie…), déjà suffisamment pénibles à entendre, pour en plus en parler. Il faudrait virer à coups de pied ce batteur grotesque. Et apprendre à ces gens à groover, à jouer ensemble, à faire swinguer la musique (en même temps, il y a un moyen simple, réécouter les disques de Sabbath). Je ne m’explique l’embauche de cet épouvantable guitariste/branleur grec que par un exceptionnel geste anglais envers la dette de ce pays.

A l’issue de cette triste prestation, il est une heure du matin, et c’est en rampant que nous rejoignons la tente pour écouter Kyuss Lives. Cette reformation avec trois membres d’origine de ce groupe légendaire, va mettre un magnifique point final à ce formidable week-end. C’est le rock du désert, et bien que la nuit soit fraîche, on meurt de chaud sous la tente (« 100 degrees ») On peut à peine bouger, alors on ondule, hypnotisé, quittant peu à peu une enveloppe corporelle devenue trop douloureuse et une âme parfois bien lourde à porter, pour s’engouffrer dans la musique (« One Inch Man »).

Et puis, il est 2 heures 30, cela s’arrête. On quitte la tente, comme porté par la masse. La froideur de la nuit nous gagne, nous quittons le pays imaginaire et retournons à la vie réelle. Mais la fièvre ne m’a pas quitté, d’ailleurs, j’en ai eu toute la semaine… Le Hellfest est un bouillon de cultures !

Sébastien

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