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« Armageddon Time » de James Gray

jeudi 17 novembre 2022, par Sébastien Bourdon

Bittersweet Symphony

Lors de sa conférence de presse cannoise, James Gray, questionné sur l’état actuel du monde, s’est interrogé en ces exacts termes : « How did we get here ?! » (« comment en est-on arrivé là ?! »). Pour tenter de répondre à cette question légitime par le cinéma, James Gray convoque les fantômes, et l’enfant qui les a côtoyés de leur vivant.

Début des années 80, dans le Queens, Paul (Michael Banks Repeta) quitte l’enfance pour entrer dans l’adolescence, et l’on peut dire que de ces deux périodes charnières, il ne cultive pas forcément le meilleur.

Deuxième et dernier rejeton d’une famille juive modeste, originaire de l’Europe de l’Est, il met un soin particulier à se rendre insupportable, à domicile comme à l’école.

Seul son grand-père (Anthony Hopkins, sobre mais chic) parvient à tirer de ce môme quelque chose de valable sur le plan humain, notamment en l’aidant à développer ses appétences pour le dessin.

A l’école, Paul sympathise avec un jeune redoublant (Jaylin Webb), issu lui aussi d’une minorité, mais noire celle-là.

Évidemment, de cette rencontre amicale vont naître quelques joyeuses bêtises (« les 400 coups » n’est-ce pas), mais surtout beaucoup de désillusions : il n’est réellement question d’âge des possibles que pour le plus privilégié des deux, même modestement.

En effet, bien qu’issus d’une famille modeste qui a fui la terreur et la misère en Europe pour devenir cadres moyens en Amérique, même s’ils appartiennent à une religion minoritaire, les moyens et les connaissances sont déjà là pour assurer à l’enfant blanc un sort plus enviable (et on n’hésitera pas).

Alors bien sûr, comme le rappelle le grand-père, on doit toujours se dresser contre l’injustice, quand bien même il est peu probable que cela serve à quelque chose.

Il faut alors un jour décider ce que l’on veut faire de ce constat, rester ou partir, opter pour une voie un tant soi peu médiane - ici l’art - et tenter de mener une vie honorable. Refuser les forces obscures à défaut de pouvoir les faire tanguer.

Sébastien Bourdon

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