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All In It Together

Marillion, Elysée-Montmartre, le 10 décembre 2016

dimanche 11 décembre 2016, par Sébastien Bourdon

Marillion, Elysée-Montmartre, le 10 décembre 2016

Cette salle, qui fut presque ma résidence secondaire étudiante, a changé, modifiée par les flammes et les normes esthétiques contemporaines. Mais ces transformations rendues nécessaires par la destruction ne lui ont pas fait perdre de son cachet, comme un vieil amour dont le temps passé aurait subtilement modifié l’apparence, sans en transformer l’essence. Adieu les moulures, mais persistance du fer et du bois.

En attendant le concert, la sono diffuse Supertramp qui chante "Take a look at my girlfriend, she’s the only one I got", immédiatement suivi par Fleetwood Mac qui nous répète : "You can go your own way". Les messages de la pop-music se suivent et sont parfois contradictoires.

On a un peu de retard sur l’actualité de Marillion, du coup, on s’achète le dernier opus en date "F.E.A.R.", mais on renonce aux tee-shirts, décidément trop laids.

Ce groupe, à l’origine groupe de rock progressif un peu scolaire et maniéré a, en changeant de chanteur (passant de Fish à Steve Hogarth), opté progressivement (forcément !) pour une musique plus sombre, moins flamboyante mais plus essentielle, sans esbroufe.

On est donc ravi de les retrouver, et on n’est pas les seuls, c’est complet.

Le concert commence à 20 heures pétantes, le groupe jouant avec en fond de scène un écran projetant une vidéo de leur chanteur, au visage étrange et possédé. L’effet de mise en scène est indéniablement réussi et son arrivée physique en cours de morceau déclenche les vivats du public.

Le dernier album sera mis à l’honneur, le groupe n’ayant pas peur de la nouveauté, ce qui tombe plutôt bien, car son public non plus. Ce concert donne ainsi l’occasion de découvrir les titres du nouvel album sus-évoqué ("F.E.A.R.") et on se dit qu’il nous fera un bien joli hiver.

Il est définitivement plaisant de se rendre à un concert de garçons qui ne sont plus de première fraîcheur, mais qui continuent à embarquer leur auditoire dans de nouvelles et belles aventures sonores.

Il y aurait tellement de choses à retenir dans une si longue carrière musicale. On sait déjà la satisfaction que l’on ressentira à l’écoute de ce concert, mais aussi ces petits manques cruels, ces morceaux que l’on aurait aimé entendre et qui nous reviendront le nez au vent sur le vélo ("Season’s End" ou "The Party"...).

S’agissant de l’interprétation, elle est évidemment sans failles (même si le batteur Ian Mosley me semble avoir un peu perdu de sa vigueur passée). Surtout, on peut penser ce qu’on veut des solos de guitare de Steve Rothery, qui sonnent comme une longue et douloureuse plainte, de ce côté ci de la mélomanie, on ne s’en lasse pas. À croire que finalement quand on aime, on a toujours vingt ans.

Et puis, le chanteur Steve Hogarth est définitivement un formidable homme de scène. Il semble nous rappeler à chaque instant qu’évidemment, manquent les raisons de se réjouir, mais cela n’interdit ni d’être drôle, ni d’être fou jusqu’à la presque impudeur, avec ce qu’il faut de distance humoristique (anglaise évidemment). On peine à comprendre qu’un garçon au talent aussi hors norme ne soit pas reconnu au-delà du cercle des fans de rock progressif (vous savez ceux qui ne jurent que par Tolkien - le nom du groupe est tiré du "Seigneur des Anneaux" - jouent à Donjons et Dragons et portent des chaussettes de tennis toute l’année ou presque).

Il sait en tout cas y faire avec son audience, il est vrai pour le moins conquise, capable de chanter un morceau comme "Easter" en entier sur simple demande ou de reprendre de sa propre initiative le thème de "Sounds That Can’t Be Made" une fois le titre achevé.

Le groupe fait en tout cas preuve comme à son habitude d’une maîtrise peu commune des montées en tension, il est en effet difficile de résister à ses assauts sonores et mélancoliques dont on sait toujours qu’ils vont arriver mais qui nous cueillent invariablement (quelqu’un pour résister à "Neverland" ? Ce n’est pas humainement possible un morceau aussi beau).

Un dernier mot sur les animations vidéos, elles furent plutôt réussies, même si la musique de Marillion semble suffisamment évocatrice pour se passer d’un tel support visuel.

Le concert aura duré pas moins de deux heures et demie, ces gens ne se moquent pas du monde. D’ailleurs comme le dira Steve Hogarth "Just because the world is going to shit doe’s not mean we have to".

Sébastien

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