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Live

Alice in Chains - le jeudi 22 juin 2006

Bataclan, Paris

mercredi 6 septembre 2006, par Sébastien Bourdon

L’année 2006 s’est avérée riches en disques mais également en sorties musicales. Avec un peu de retard, mais les oreilles vibrantes encore, voici un rapide aperçu des soirées où il aurait fallu (plus ou moins) être. Tout de suite, le premier épisode.

Commençons par ce qui était certainement le plus attendu, le retour dans nos contrées d’un groupe essentiel, mais qui brille surtout aujourd’hui par une absence, celle de son chanteur charismatique, Layne Staley. J’avais appris sa mort sur le quai d’un RER, dans le journal (à l’époque, c’était même payant les journaux, c’est fou comme le temps passe). J’ai pleuré comme un gosse, entouré de gens qui ne savaient pas combien ce type était important et même ne le sauraient jamais.

Mais voilà que, la musique résistant à la mort des chanteurs, ce n’est pas AC/DC qui nous dira le contraire, Jerry Cantrell bat le rappel (pour mémoire Sean Kinney, batterie et Mike Inez, basse), trouve un chanteur (William Duvall) et emmène tout le monde sur les routes du monde occidental.

En ces temps où l’on tente de faire revivre le passé - de Ben Hur au Stade de France à The Musical Box - la démarche s’inscrit donc dans le post moderne mais répond à une attente, à un manque terrible d’une frange d’inconsolables. Et puis qui sait, ce n’est peut-être pas seulement pour payer des impôts ou des pensions alimentaires, mais simplement pour le plaisir de jouer un répertoire incroyable. Car s’il doit en rester un, de cette vague grunge, en termes de créativité et d’inventivité, c’est bien Alice In Chains.

Bref, nous voilà dans la fournaise d’un Bataclan rempli jusqu’à la gueule, inquiets mais sacrément excités.

Et ce fut impeccable, sauvage comme à Seattle en 1989 (là j’imagine, j’extrapole) : chaleur, son pourri mais scotchant, public galvanisé. Et puis dans le fond de la tête, une émotion incroyable. Le summum fut une interprétation dantesque de « Rain When I Die », pas forcément le morceau auquel on s’attendait le plus en terme d’intensité, mais groupe et public semblèrent au diapason pour en faire un moment exceptionnel.

Le remplaçant William Duvall aux vocalises fait un travail remarquable car l’on peut imaginer plus évident que de remplacer un mort tragique, un type qui avait terriblement imprimé sa marque sur ce groupe, dans le son comme dans le visuel. Il chante différemment et bien, y met de l’énergie et de l’envie et on y croit sans peine.

La fin du concert fut un peu particulière car au beau milieu de « Man In The Box », le son de la guitare s’est mystérieusement évaporé. Jerry Cantrell, visiblement furieux quitte la scène, suivi de ses camarades. Quasi émeute dans la salle car les lumières se rallument. Projection de bouteilles, tout le monde se rue devant les barrières, rendus fous par un départ au beau milieu d’un morceau d’anthologie, trouvant illégitime de voir ainsi cruellement raccourcie une soirée magnifique. L’ambiance est bon enfant, mais on sent quand même que le public n’est pas loin de tout casser.

La tension est à son comble lorsque, ouf, finalement les lumières s’éteignent à nouveau et que le concert reprend là où on l’avait laissé. Tout se termine finalement sur « Would ? », sublime morceau qu’il est particulièrement savoureux d’entendre à nouveau dans une enceinte publique à plein volume.

Grande soirée. Cette chronique est dédiée à la jeune fille que j’ai aperçu qui, lorsque le groupe est parti lors de l’incident technique, s’est mise à pleurer dans la fosse, comme si Layne Staley était mort une deuxième fois.

Sébastien Bourdon

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