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Chronique

Aceyalone

A Book of Human Language (1998)

samedi 14 février 2004, par David Charlot

Basé à Los Angeles, le rappeur Aceyalone sort nettement du lot des MCs US avec une tchache hors du commun et une énergie unique. Après avoir débuté au sein du groupe Freestyle Fellowship avec un rap loin des projecteurs du gangsta et plutôt teinté de jazz que de funk, il se lance en solo avec entre autre cet excellent album, A book of human language, qui est à mettre au rang des albums mythiques dans le domaine du rap West Coast.

Aceyalone n’a qu’un seul instrument : son lyrisme. Son flow est régulier, ses mots soigneusement choisis, ses textes sensibles et personnels ; en bref, il est plus proche d’être un poète que d’un exciteur de foules tels Puff Daddy et autres ganstas. Il n’a pas la prétention de vendre une multitude de disques, et c’est à mon grand regret qu’on ne l’entend pas souvent sur les ondes hertziennes.
Celui qui l’accompagne aux platines est Mumbles, talentueux et discret,et il permet au MC de nous livrer un excellent album, tout à la fois jazzy, sage, entrainant et mémorable.

On reconnaît chez ce rappeur confirmé,

le talent, du SLAM, cette poésie urbaine qui se pratique en parallèle au hip hop et dont le chantre est Saul Williams. Mais son vrai dada c’est le hip hop et il le fait très sérieusement. Ses paroles sont des réflexions philosophiques qui frisent parfois le pédantisme mais ont le mérite de passer comme une lettre à la poste. Son message est simple : il se fait chantre des épisodes de la vie, les difficultés et son pendant le bonheur sont récurrents mais sont unis irréductiblement.

Sa réussite est bien d’avoir ouvert la voie au nouveau rap alternatif, opposé au rap mainstream qui est paranoïque et égocentrique. En plus, le mérite tient à la forme géniale de l’album : un livre en chapitres qui se feuillette facilement et constitue véritablement une suite d’idée parfaitement ordonnée. Ses propos sont avant tout paisibles, simples constatations de son environnement ; mais il peut être colérique face aux affres de la vie américaine. Ses propos sont peu politisés sauf lorsqu’il s’agit de soutenir Mumia Abu Jamal.

Sa verbosité ne serait pas aussi claquante si la musique qui l’accompagne n’était pas aussi brillante. On appréciera particulièrement "Human language", "The Hunt" ou encore the "The Guidelines" teintés de jazz groovy grâce à une contrebasse digne des compositions des rappeurs d’Anticon à leurs heures accoustiques. D’ailleurs "The Hunt" est assez avant-gardiste avec une drum n’ bass avec contrebasse. L’usage du piano est constante ; on a affaire à un rejet du hip-hop né du funk et orienté particulièrement vers un jazz moderne et rythmé.

En fait cette pièce maîtresse qu’est A Book of human language sera à mon goût la seule réussite d’Aceyalone en solo car les albums suivants sont assez pauvres musicalement et se calquent même aujourd’hui sur du R’nB basique.
Lui en solo et avec son groupe initial Freestyle Fellowship ont considérablement marqué la scène indépendante du rap de la West Coast par leur volonté de ressaisir l’esprit verbal du MCying. Les Quannum MCs, Pete Rock and Cl Smooth, et aujourd’hui Anticon font partie de cette renaissance.

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David C.

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