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A Child with a Mask

« Les Derniers Jedi » de Rian Johnson

dimanche 24 décembre 2017, par Sébastien Bourdon

« Les Derniers Jedi » de Rian Johnson

Si « Le Réveil de la Force  » (J.J. Abrams - 2015) avait, au sens propre, ramené non sans brio la franchise Star Wars aux affaires, force est de constater que cela s’enlise et que la qualité n’est plus guère au rendez-vous (cf. nos différentes chroniques sur le sujet). On notera au mieux dans ce dernier opus quelques jolis éclats et autres tours de force mais guère plus.

Surtout, chaque réussite visuelle est systématiquement contrebalancée par des dialogues pauvres ou des niaiseries scenaristiques qui permettent de ne pas oublier, hélas, que Disney tient les rênes.

Plus grave, le film accumule le trop de tout, tout le temps, et malgré cela, et ce fol argent dépensé, les personnages sont comme englués, figures incapable de se projeter, comme envahis d’une énergie qui ne sait pas où aller (la Force ?). Les scénaristes et réalisateur apparaissent eux-mêmes écrasés par le poids de la saga.

Ainsi, Rey (Daisy Ridley) était une boule de vitalité et d’énergie à même de conduire une énorme machine comme « Le Réveil de la Force ». Elle est devenue ici un personnage crispé qui se cherche, coincée sur une île auprès d’une figure qui devrait être paternelle mais qui s’y refuse (Mark Hammill, aka Luke Skywalker).

Skywalker justement, dont l’apparition était bien trop brève dans l’épisode précédent, devrait être là pour secouer notre nostalgie, mais il se révèle d’un ennui abyssal en ermite sentencieux quoique peu disert. Même quand, finalement, il se décide à quitter son île, c’est pour de faux, puisqu’il s’agit d’un hologramme (enfin, si j’ai bien tout compris).

Quant à Leia (Carrie Fisher), elle est figée, mais il est probable qu’il faille blâmer son chirurgien esthétique.

Ça crie, ça hurle, ça court dans tous les sens à chaque explosion multicolore, mais les personnages ne forment aucune trajectoire, ils arrivent de là où ils sont partis, vibrionnants mais inertes. Ce film est comme un train coincé gare Saint-Lazare un jour de panne informatique.

Enfin, l’affreux de pacotille Kylo Ren (Adam Driver) dont on essaye de nous faire croire qu’il hésite entre le bien et le mal, fait de même, la moindre de ses petites conversions relève du faux-semblant, il est et restera du côté obscur.

Impossible de ne pas y voir d’ailleurs une représentation inattendue de la vie politique française. Dans une main tendue à sa rivale Rey, Kylo Ren lui propose une troisième voie, entre les Rebelles et l’Empire, que nous appellerons donc macroniste. Las, Rey s’y refuse voyant bien le piège grossier qui lui est tendu : on tuera le vieux monde et tout ce qu’il contient comme antagonisme politique (Rebelles/Empire, gauche/droite ?), mais ce ne sera que pour le faire renaître à l’identique sous des oripeaux plus fringants. Kylo Ren, un homme jeune avec des idées de vieux, il me rappelle définitivement quelqu’un.

« Le dernier Jedi  » est donc un film récent dans lequel tout semble daté et déjà vu, sans même réveiller notre mélancolie. Un monde où en réalité il ne se passe rien.

Et puis, même en 2D, à regarder, c’est harassant. Ce fut notre cri du coeur quand le générique de fin a débuté.

Sébastien

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