Accueil > Francais > Cinéma > « Voyages en Italie » de Sophie Letourneur
« Voyages en Italie » de Sophie Letourneur
dimanche 9 avril 2023, par
Juste une Mise au Point
Sophie (Sophie Letourneur) et Jean-Phi (Philippe Katerine), forment un couple de parisiens on ne peut plus contemporain, aux professions probablement intellectuelles, installés dans un intérieur étroit et bordélique avec charge de petit garçon.
La passion des premiers temps n’est évidemment plus là et Sophie rêve d’un voyage à deux pour ranimer la flamme largement atténuée par l’éteignoir du quotidien.
Elle rêve d’Espagne, las, il préfère l’Italie, mais elle y est rétive car c’était la destination de prédilection de Jean-Phi avec son ex.
La Sicile fera donc l’affaire, comme si ce n’était pas complètement, pas tout à fait l’Italie.
On n’a pas souvent aussi bien mis en scène le couple débarrassé pour une poignée de jours de sa progéniture et qui tente de retrouver une communauté qui ne serait pas réduite aux aguets. Cela ferait un documentaire parfait à montrer aux enfants qui s’inquiéteraient du sort de leurs parents en leur absence.
L’exotisme relatif et les sempiternels questionnement sur ce que l’on va visiter, qui pilotera le scooter, si l’on se baignera et ce qu’on mangera constituent les étapes obligées de chaque jour. Ces choix qu’il faut arrêter ensemble et qui forment finalement un continuum de la vie normale, simplement plus ensoleillé.
Sous une apparence un peu foutraque se dissimule un film extrêmement subtil et admirablement écrit. Aux manettes sur tous les fronts - écriture, jeu et réalisation - Sophie Letourneur ausculte avec un sourire mélancolique les affres de la vie de couple. Ça pourrait être du Bergman (à Paris, l’enfant reste hors-champ comme la progéniture dans « Scènes de la Vie Conjugale »), mais la réalisatrice se refuse aux excès comme au tragique.
Finalement, le film est comme une très longue chanson de Philippe Katerine, c’est drôle et un peu absurde et lorsque cela s’achève, on est saisi d’une langueur vaguement triste.
Sébastien Bourdon