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"Rogue One : A Star Wars Story" de Gareth Edwards

jeudi 29 décembre 2016, par Sébastien Bourdon

Vive les Femmes !

La Princesse Leia (Carrie Fisher) est morte le 27 décembre, le même jour que l’astrophysicienne Vera Rubin, spécialiste de la rotation des galaxies et de la théorie de la matière noire. On connaissait évidemment mieux le deux pièces doré porté par Leia Organa dans "Le Retour du Jedi" (1983) que les travaux scientifiques de l’astrophysicienne, mais ces disparitions simultanées laissent à penser à une jolie, mais ultime, pirouette intergalactique.

Mais dans cette galaxie, la vie continue, et l’on y produit d’innombrables prolongations à une saga qui n’est plus à présenter (même si vous habitez dans une lointaine galaxie, par essence, vous en avez entendu parler).

Si les personnages masculins, parfois un peu falots, ont traditionnellement été mis en avant dans les premiers épisodes, les deux dernières moutures ont préféré laisser la part belle à la gent féminine. Après la délicieuse Daisy Ridley dans "Le Réveil de la Force" (J.J. Abrams - 2015), c’est donc la plutôt charmante Felicity Jones qui mène la cavalcade guerrière dans "Rogue One".

On nous permettra toutefois de trouver un peu moins de grâce à l’une qu’à l’autre, Daisy Ridley gardant définitivement la main sur la fraîcheur et l’enthousiasme.

Si la franchise Star Wars ne se renouvelle donc guère dans ce qu’elle narre (la théorie du monomythe de Joseph Campbell : une quête héroïque, des gentils, des méchants, une arme surpuissante), cette place donnée à des femmes qui ne seraient ni vierges ni putains mérite qu’on la salue.

La bande-annonce précédant la sortie de cet énième avatar inquiétait un peu. Il en ressortait une sensation un peu trop prégnante de déjà-vu, qu’il soit visuel ou narratif. Et les dialogues, qui ne furent jamais le fort de "La Guerre des Etoiles" (hormis un notoire "I am your father"), semblaient tutoyer les sommets de la niaiserie.

A l’issue de la projection, on ne peut cacher une relative déception, confirmant ce que l’on avait d’abord pressenti.

Certes, la première heure est plutôt réussie. Les personnages sont honorablement campés, l’atmosphère oppressante de la tyrannie de l’Empire est bien rendue, et on nous montre même une rébellion qui irait jusqu’à se salir les mains, loin du manichéisme habituel (ce n’est pas le Jean-Pierre Melville de "L’armée des Ombres", mais quand même).

Le casting va également piocher quelques figures inhabituelles, avec des vedettes d’un cinéma plus exigeant, de Forest Whitaker (qui joue une sorte de Commandant Massoud) à Mads Mikkelsen.

Si l’idée est toutefois, comme le dit l’un des personnages, de sauver le rêve ("Save the Dream !"), la deuxième partie est nettement moins convaincante. On se lasse en effet de cette bataille, menée sur plusieurs fronts (espace, terre et intérieur) et qui semble interminable (une sorte de "il faut sauver le soldat Ryan" à Dubai). Le seul enjeu scénaristique étant globalement de déterminer qui doit mourir.

À ce jeu de massacre en VO, mon petit garçon (4 ans, presque 5) s’interrogeait invariablement : "et il sera toujours mort ?!" En principe oui fils, quoique grâce au numérique, cet épisode va jusqu’à offrir la reconstitution complète de certains acteurs disparus depuis belle lurette (Peter Cushing) ou depuis peu (Carrie Fisher, à croire qu’ils avaient prévu le coup). La saga se défie donc de la mort, quand cette dernière a en principe toujours de beaux jours devant elle.

J’ai tout d’abord peiné à situer cet épisode dans le temps de la saga : mes fils m’ont expliqué, c’est une sorte d’épisode Trois et demi.

Cet opus souffre donc forcément un peu d’avoir été fait de manière à raccrocher les wagons de l’histoire (et gagner beaucoup d’argent). Le problème est que, contrairement à la précédente sortie en salle, on reste ici un peu coincé dans un passé désincarné, quand le développement mélancolique marchait à plein dans "Le Réveil de la Force".

Mais soyons honnête, et reconnaissons à ce retour annuel de la franchise Star Wars la possibilité joyeuse, mais ponctuelle, qu’il nous donne de retrouver quelques saveurs d’enfance, de redevenir des petits couillons intergalactiques qui rêvent de traverser l’univers en vaisseau spatial avec une princesse (ou un chevalier, selon votre appétence).

Sébastien Bourdon

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