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« Le Boucher » de Claude Chabrol (1970)

mercredi 15 octobre 2025, par Sébastien Bourdon

Périgord Noir

Dans une petite bourgade de Dordogne, au cours d’un mariage semble débuter une idylle entre la sémillante directrice de l’école, Hélène (Stéphane Audran) et Paul (Jean Yanne), boucher revenu au village après quinze ans d’armée.

Quelque chose menace pourtant, une série de crimes violents frappe les femmes de la région, et Hélène en vient à se demander si Paul n’y serait pas pour quelque chose.

Claude Chabrol pose une nouvelle fois sa caméra en province, mais il ne s’agit pas de faire un portrait acide de la bourgeoisie locale.

Ici, sur les lieux comme sur les gens, le cinéaste conserve un regard bienveillant, intégrant même complètement la vie et la population modeste du bled à la narration, chacun dans son propre rôle.

Trémolat (24510) sous la caméra du réalisateur ressemble alors à un petit monde idéal, une France éternelle de carte postale où il fait probablement bon vivre, sans chichis ni extravagances parisiennes.

Cinématographiquement et à de nombreux égards, cela reste quand même la Nouvelle Vague : un couple peut-être naissant qui se parle en fumant dans la rue, filmé en longs travellings.

Toutefois, le genre est ici abâtardi : un peu comme si, tant le rouge est mis dans ce film, le giallo italien s’était soudainement déplacé de ce côté-ci des Alpes (ce qui n’est pas absurde, s’agissant d’une production franco-italienne).

Avant d’apparaître frontalement à l’écran, l’effroi qui va avec le genre est évoqué bien en amont par la musique de Pierre Jansen : faite uniquement de bruitages produits par des instruments, elle introduit une inquiétude, un malaise, quelque chose de profondément dérangeant dans ces paysages et situations apparemment paisibles.

Il n’y a en effet nul espace où être à l’abri de la brutalité, ici revenue des lointaines colonies. Elle s’abat sur la région, répétant un mal ancien et toujours renouvelé.

C’est peut-être cette éternité de la violence qui est rappelée par les plans des peintures rupestres alentours. Le mal atavique caché dans les grottes, et qui ne demande qu’à ressortir au grand jour.

Sébastien Bourdon

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