Accueil > Francais > Cinéma > « Nouvelle Vague » de Richard Linklater
« Nouvelle Vague » de Richard Linklater
dimanche 19 octobre 2025, par
Profil d’une Œuvre
Si vous n’aimez pas les biopics, si vous n’aimez pas Jean-Luc Godard, si vous n’aimez pas la Nouvelle Vague, alors allez-vous faire foutre. Ce qui serait dommage, tant ce film a à offrir pour peu qu’on ait un peu d’appétence pour le cinéma, même en cultivant une légitime défiance pour les reconstitutions en carton de la vie de personnages célèbres.
Le pitch est simple, raconter la genèse puis le tournage du film emblématique de la Nouvelle Vague, « A Bout de Souffle » (1960), en se concentrant sur son créateur et ses contrariétés, Jean-Luc Godard (Guillaume Marbeck).
Le cinéphile aura du mal à résister à cette soudaine apparition à l’écran de ces personnalités, aujourd’hui disparues, et dont l’influence fut si grande sur la manière de penser et faire le cinéma.
Évidemment, on nous prend peut-être un peu trop par les sentiments avec cet étalage de petites et grandes figures de la Nouvelle Vague, n’empêche qu’une fois le décor posé on ne trouve plus grave chose à redire à ce qui se passe sur l’écran.
Il y avait tellement de risques liés à l’entreprise, de l’embaumement à l’idolâtrie, et force est de constater que Richard Linklater s’en sort, au sens propre, par une pirouette, puisqu’il opte pour la comédie.
Créer est pourtant une chose sérieuse, sous la rigolade et la légèreté apparentes se niche la déconstruction godardienne, discipline intellectuelle complexe.
Mais plutôt que de s’appesantir sur la rigueur intellectuelle et les affres de sa formalisation, on peut tout aussi bien expliquer ça par la description d’un processus de création aussi drôle qu’enlevé, car tels étaient ces artistes.
Cela donne un film charmant, élégamment photographié, avec un noir en blanc qui ne sent pas la naphtaline, mais qui ajoute à la sincérité et à la crédibilité du propos.
Ces jeunes gens modernes avaient la religion du cinéma, et on a plaisir à les voir la pratiquer farouchement.
« Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout. » Jean-Luc Godard
Sébastien Bourdon