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« Trois Amies » d’Emmanuel Mouret

mardi 12 novembre 2024, par Sébastien Bourdon

Il n’a jamais connu de loi

Emmanuel Mouret parle d’un monde où le principal problème de ceux qui l’habitent est le sentiment amoureux. Ce refus obstiné du réalisateur de se préoccuper d’autre chose, cette volonté farouche de laisser le tumulte du monde en dehors du cadre, pourraient exaspérer, ou prêter le flanc à une critique prévisible à coup de « bourgeoisie déconnectée » et de « cinéma élitiste ».

L’écueil est ici une fois de plus évité et cela tient à un rouage essentiel : la qualité de l’écriture (et ça ne date pas d’hier que sous nos cieux l’on écrive brillamment sur les infortunes de l’amour et de la vertu). Orfèvre de la cruauté amoureuse, le cinéaste donne ici le meilleur de lui-même.

Parce qu’il est élégant d’exposer des choses un peu tristes sur le ton de la comédie, le film ne cesse d’être enlevé et drôle, tout en grâce continue.

Trois amies, enseignantes à Lyon, se croisent et se racontent leurs déboires : de la mort d’un sentiment à la naissance d’un autre, infinies sont les possibilités.

Joan (India Hair) fait le deuil d’un long amour qui chez elle s’éteint, celui qui la liait au père de sa petite fille, Victor (Vincent Macaigne - également ponctuel narrateur en voix off).

Alice (Camille Cottin) est convaincue - et s’en réjouit - de couler des jours paisibles avec un mari qui l’aime (Grégoire Ludig)… quand en réalité ce dernier la trompe avec la troisième (Sara Forestier).

Il n’est pas franchement ici question de léger marivaudage, rien n’est grave certes (ou presque), mais tout est déchirement et cruauté, avec quelques moments d’un solaire répit.

L’amour, ceux qui s’y risquent comme ceux qui s’en défient, n’épargne personne. C’est un monde cruel là dehors, où l’on se retrouve bien facilement seul, avec un sentiment qui n’est pas ou plus partagé.

Et, dans cette valse à plusieurs temps, il n’est pas nécessairement plus confortable d’être celui qui se préserve, se refuse ou s’éloigne.

Comme le dit un fantôme : être vivant c’est aussi avoir peur, être triste, être perdu (ou quelque chose d’approchant).

Sébastien Bourdon

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