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Time Waits for No One : Charlie Watts

vendredi 27 août 2021, par Sébastien Bourdon

Sait-on jamais à quel moment on pose définitivement ses baguettes ? Peut-on imaginer que c’est la dernière fois qu’on fait l’amour ? Cela s’inscrit il quelque part en soi ? Charlie Watts - à l’instar de Neil Peart (Rush) - avait-il conscience de ce qu’il ne frapperait plus jamais son kit de son jeu étrange et chaloupé à l’issue du dernier concert donné par les Rolling Stones ?

Le batteur est mort ce 24 août, à 80 ans, et leur musique live - un peu poussive et fatiguée depuis un moment - ne résonnera dorénavant plus jamais de son beat reconnaissable entre tous (« Honky Tonk Woman » ou « Start Me Up » pour citer quelques morceaux emblématiques).

Car le jeu de Charlie Watts n’était guère orthodoxe, avec notamment cette manie bizarre de lever soudainement la baguette droite loin du charley au moment de marquer le temps sur la caisse claire avec la main gauche (sur le 2 et le 4 donc, ce n’est pas faire offense aux Stones que de dire qu’ils ne sont guère adeptes de mesures rythmiques complexes).

Ainsi, tant par son allure de dandy hiératique et cool, que par son jeu, ce batteur semblait comme un jazzman perdu dans un combo de blues.

Pourtant, la magie opérait et son swing étrange se révélait parfaitement adapté à l’orchestre foutraque des pierres qui roulent (et ça a indéniablement fait le job sur disque et sur scène pendant un paquet d’années).

Charlie Watts, l’homme, ne s’intéressait quant à lui guère à la notoriété : discret, peu adepte des frasques de ses collègues, il était là pour monter sur son tabouret, jouer dans la lumière et s’en effacer sitôt les amplis éteints.

Pas très rock, mais plutôt roc, solide, immuable, jamais pris en défaut, fidèle au poste.

Ce qui rend mélancolique aujourd’hui c’est de penser que le musicien ne jouera plus, que la cymbale frappée, sorte de respiration le temps de sa vibration après l’impact, ne résonnera plus. Il y a quand même des gens qui laissent des traces, quand bien même ce ne serait que quelques roulements sur une batterie Ludwig.

Sébastien Bourdon

Messages

  • La maison Stones n’a survécu au départ de son pilier Ian Stewart que parce que l’esprit de ce dernier n’a cessé de diriger le combo, maintenant encore. Le deuxième pilier, Charlie, vient de s’effondrer. Personne ne doute que s’ils continuent à tourner avec l’excellent (et membre de la famille Stones) Steve Jordan, la caisse claire et le charley seront eux aussi guidés par un esprit invisible. Un esprit élégant et distingué.

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