Thomas Joue ses Perruques - Théâtre de l’Atelier, Paris, le 1er février 2024

Thomas Poitevin a promené ses perruques durant trois années et ce 1er février 2024, c’était la dernière. Quel joli endroit pour passer à autre chose que cette place Charles Dullin où la seule présence de ce petit théâtre 19ème permet au quartier de ne pas être totalement englouti dans le tourisme mondial de masse.

C’est intéressant de revoir un spectacle, et pas si fréquent, cela permet ici de constater que l’artiste l’a quasiment revu de fond en comble, modifiant à la marge certaines choses, en supprimant d’autres et ajoutant beaucoup.

Ça se tient toujours, et ça se tient même mieux encore, la promenade régulière sur les planches permettant au comédien d’affiner son propos sans se lasser (ou pour éviter de se lasser).

Le dispositif scénique est presque spartiate, un peu d’éclairage et une longue table sur laquelle sont disposées les postiches capillaires qui lui permettront de se mettre dans la peau des personnages.

La lumière fait évidemment beaucoup, mais le son également, entre musiques et ajouts ponctuels d’enregistrement de la propre voix du comédien, permettant à ses saynètes d’être plus habitées encore.

Si lThomas Poitevin veut incarner ses contemporains, cela va un peu plus loin que la caricature sans finesse de traits sociaux-culturels aisément discernables. Qu’il s’agisse d’une jeune parisienne en mal d’amour, d’un ado psychotique, ou d’un vieux père bourgeois brut de décoffrage, Poitevin, par sa gestuelle et l’inventivité de ses textes, dépasse de loin la tentation de se mettre uniquement du côté des rieurs.

Il penche ainsi ponctuellement vers le malaise comme dans la tendresse, sans jamais cesser de faire rire.

On attend la suite, et si ça se trouve on ira au moins deux fois.

Sébastien Bourdon