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La Cigale, Paris, le 19 juin 2004

The Musical Box en concert

lundi 28 juin 2004, par Sébastien Bourdon

Voilà quelques années, des canadiens fous (vraiment malades) ont décidé de créer un groupe, The Musical Box, dont la seule et unique vocation serait de recréer à l’identique les concerts de Genesis de la période où Peter Gabriel en était le chanteur, c’est à dire de 1969 à 1975 (The Musical Box est d’ailleurs le titre d’un morceau de l’album Nursery Cryme, 1971). Il est vrai que les shows de l’époque étaient assurés par des instrumentistes brillants (Phil Collins - batterie, chœurs, Tony Banks - claviers, Mike Rutherford - basse, guitares et Steve Hackett - guitares), emmenés par un show man à la fois étrange et drôle (le Peter Gabriel de cette époque, avant le new age et la très convenable défense des droits de l’homme). Musique compliquée aux textes étranges et drolatiques (humour anglais oblige), ce groupe avait tout pour déplaire aux punks à venir, mais de quoi réjouir l’auditeur qui voulait bien accepter d’entrer dans cet univers onirique.

J’ai pour ma part découvert les vieux Genesis vers 17 ans (on parle donc de la fin des années 80) et cela a radicalement changé ma perception de la musique, lui donnant plus d’acuité et d’exigence (ce qui est paradoxal lorsque l’on voit la carrière qu’ont eu ensuite certains d’entre eux, n’est-ce pas Phil...). Je me souviens comme si c’était hier de l’écoute de Nursery Cryme dans ma chambre, lisant "Shining" de Stephen King et vraisemblablement mangeant des "Delice Choc".

Les Musical Box étaient présents à Paris pour deux soirées : l’une consacrée à la tournée de 1972, l’autre à celle de 1973-74. Le concert évoqué ici est le deuxième, à savoir celui qui suivit l’album Selling England By The Pounds.

A voir la population vieillie dans la salle, c’est clairement de la musique pour mecs qui se tapaient pas de meufs. En même temps, quand on découvre les joies de la sexualité avec l’enthousiasme de l’adolescence, est-ce qu’on a les 25 minutes nécessaires à consacrer à l’écoute de "Supper’s Ready" ? En revanche, la frustration sexuelle et l’humeur romantico-désespérée qui en découle peut donner l’acuité nécessaire à l’appréciation de telles oeuvres.

Comment ne pas avoir une méfiance très aiguisée à l’idée d’aller écouter "The Musical Box", truc pouvant baigner dans une nostalgie tartignolle de l’époque, type Elvis en vidéo avec des vrais musiciens ou spectacle musical Abba.

Il n’en fut rien : un immense plaisir, une joie sans bornes m’ont envahi dès "Watcher Of The Skies" (in Foxtrot, 1972). C’était comme un arbre de Noël lorsqu’on a 7 ans et demi.

Se présentait tout à coup devant nous un monde parfaitement inaccessible, puisque disparu, les membres toujours vivants ne souhaitant pas jouer ensemble cette musique. C’était un fantasme, comme un concert d’Hendrix ou des Doors, mais d’autant plus frustrant que, s’agissant de vivants, rien n’interdisait la survenance d’un tel évènement. Et voilà que ce fantasme se réalisait, sauf qu’à la place des musiciens vieillis se produisaient devant nous de jeunes sosies passionnés.

J’ai eu certes quelques interrogations (ne s’agit-il pas là d’un pathétique spectacle post moderne ?), mais j’y retournerai sans une once d’hésitation l’année prochaine pour aller écouter la tournée qui a suivi ce qui fut le dernier album du Genesis de cette période, The Lamb Lies Down On Broadway.

Et puis finalement, l’acharnement d’un Herreweghe ou d’un Christie à jouer d’époque comme à l’époque avec des instruments d’époque, est-ce si différent ?

Ne dit on pas du rock progressif qu’il est parfois baroque ?

Tout était dit dans le morceau "The Musical Box" : "Play me my song, here it comes again".

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