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« The Fabelmans » de Steven Spielberg

samedi 25 février 2023, par Sébastien Bourdon

Surrender to the Score

C’est l’histoire d’un petit garçon qui, le 10 janvier 1952, en sortant de sa première séance de cinéma décide, puisque c’est Hanouka, qu’il veut un train électrique pour organiser des accidents. Après quelques essais au péril de son nouveau jouet, il réalise - c’est bien le mot - qu’il veut surtout les filmer.

Et c’est ainsi que, entre documentation du réel et scénarios extravagants nés de son imagination débordante, Sam (Gabriel LaBelle) devient cinéaste. Quand bien même le nom diffère (Sam Fabelmans), ce n’est un secret pour personne, c’est sa propre vie que le cinéaste contemporain le plus célèbre au monde raconte ici.

On voit l’enfant à la caméra devenir adolescent et découvrir la puissance de l’image, ce qu’elle révèle et qui est pourtant sous nos yeux, mais aussi ce qu’elle permet d’inventer, de sublimer.

Le film reste dans ce que l’enfance a développé et permis : Sam était un artiste et il ne pouvait faire autre chose que de poursuivre cette voie.

L’amour évidemment sans mesure de sa mère (Michelle Williams), pianiste frustrée mais sans aigreur, va l’accompagner vers cette évidence de son existence, même si pleine d’embûches.

Le film est doux amer, mélancolique comme il se doit, et cette émotion retenue n’est jamais prise en défaut, quand bien même Spielberg ne se départit pas complètement de quelques scories habituelles dans son cinéma.

Les scènes intimes qui constituent finalement l’essentiel du film sont parfois un peu trop appuyées par une musique superfétatoire (même si assez belle). De la même manière, peut-être dans un souci didactique, Spielberg est un chouïa démonstratif sur les évidences : l’antisémitisme, la cruauté des jeunes filles annonçant que cette question de l’amour ne sera jamais simple etc.

Critiques qui relèvent d’ailleurs de broutilles tant le film se révèle surtout d’une finesse et d’une richesse qui justifieraient de plus amples développements et analyses.

Ainsi, la famille du cinéaste en herbe qui prend au départ des allures de publicité pour réfrigérateur des années 50, mais qui se révèle ensuite bien dysfonctionnelle comme il faut. Lorsque l’on sait que Spielberg employa Truffaut (« Rencontres du Troisième Type » - 1977), on n’est guère surpris de voir planer sur les Fabelmans l’ombre tutélaire de « Jules et Jim »(1962).

On pourrait enfin s’inquiéter un peu de ce que ce film - qui n’a pas trouvé son public aux Etats-Unis - à trop célébrer un passé glorieux, ne soit un film trop tard, un film trop vieux. Ils sont combien les millenials à avoir vus « La Prisonnière du Désert » de John Ford (1956) ? Et même parmi les plus vieux d’entre nous, ça s’extrait par quel miracle de l’offre pléthorique en ligne une œuvre telle que « L’homme qui Tua Liberty Valance » John Ford - 1962) ?

Steven Spielberg se défie des écrans de portable pour parler d’un cinéma comme art majeur, de cette projection collective sur grand écran qui ne change peut-être pas la vie, mais au moins la vision que l’on a de cette dernière.

Ne serait-ce que pour rappeler combien le cinéma est la plus belle invention humaine du 20ème siècle, ce film valait la peine d’être tourné et d’être vu.

Sébastien Bourdon

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