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« The Bikeriders » de Jeff Nichols

mercredi 17 juillet 2024, par Sébastien Bourdon

Dead Men tell no Tales

À la fin des années 60, un jeune photographe, Danny Lyon, s’était piqué de documenter la vie d’un groupe de bikers, le « Outlaw Motorcycle Club » (ici rebaptisé « Vandals »). Il en avait fait un livre, en complétant l’ensemble d’entretiens avec les protagonistes.

C’est de cette matière, qui pouvait présenter un intérêt certain, que Jeff Nichols a voulu faire film. Mais il n’est pas exclu que l’on sorte désappointé de la salle.

Pourtant, et nonobstant le talent qui le caractérise d’ordinaire et qui subsiste ici au moins partiellement, rien ou presque ne fonctionne ici. Comme si les tentatives de raconter différemment cette épopée de masculins plus ou moins toxiques, brisaient sans cesse la mécanique (un comble pour une histoire de moteurs).

Jeff Nichols cherche en effet à subtilement actualiser cette histoire d’hommes dans un monde d’hommes en la faisant raconter par une femme (Jodie Comer). Ce n’est pas sans charme mais comme la meuf perd rapidement toute distance critique et humour, on reste au ras des pâquerettes de ces obsédés du bitume.

Par ailleurs, en se refusant - et c’est heureux - à glorifier le mode de vie crétin de ces garçons aux valeurs discutables, le réalisateur nous interdit d’adhérer à ce qui se passe, jusqu’à l’ennui dans la répétition des dialogues et des situations.

Il ne remplace hélas ni par l’action ou le rire le défaut d’empathie ressenti pour l’histoire ou les personnages. La féminisation du propos ou l’homosexualité latente ne tirent pas non plus le film vers des bords inattendus ou moins prévisibles. Même les questionnements sociaux et politiques de l’époque sont trop survolés pour être honnêtes.

Enfin, gérer une multiplicité de personnages nécessiterait d’être Robert Altman ce que Jeff Nichols n’est pas.

Reste une esthétique, une chouette bande-son, de bons comédiens (Tom Hardy), mais un film qui se traîne avec sa volonté maladroite d’inscription dans une tradition narrative, sans parvenir à lui donner un second souffle.

Sébastien Bourdon

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