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Sòlstafir + Oranssi Pazuzu + Helga - La Machine du Moulin Rouge, le 26 novembre 2024

mercredi 27 novembre 2024, par Sébastien Bourdon

Cowboys from Hell

La soirée débute avec Helga, petite fée comme sortie d’une légende de fantôme asiatique, elle nous conte des histoires qui nous échappent, mais qui nous saisissent simultanément.

Le groupe anglo-suédois alterne subtilement les atmosphères, éthérées souvent, brutales soudainement, avec d’impeccables montées en tension. La paisible ballade en forêt automnale se voit alors sacrément perturbée par le surgissement de créatures étranges aux intentions troubles.

Passons ensuite à un truc autrement plus sombre, Oranssi Pazuzu, groupe finlandais, qui semble directement sortir d’un vortex douloureux pour asséner une musique qu’on ne recommandera surtout pas à un goûter d’anniversaire.

Nonobstant le désordre apparent, tout est pensé et écrit, c’est un chaos millimétré et précis qui jaillit du quintet. Rythmes de batterie minimalistes, nappes de synthé en boucles, sur lesquelles viennent se greffer des hurlements de guitares. Les cris ponctuels du chanteur ajoutent encore au sentiment magnifique d’étouffement et d’effarement.

Jamais redondant, toujours sur la brèche, le groupe joue une musique aussi géniale qu’hallucinée. Si la fin du monde doit avoir une bande-son, ce sera celle-là. Et on entrera dans cette dernière danse, mus par une joie étrange.

Évidemment, les cow-boys islandais de Solstafir semblent nettement plus plan-plans après ce déluge sonore, surtout avec un son de guitare un peu faiblard sur le long instrumental de départ.

N’empêche qu’ils emportent assez vite le morceau, leur musique cultivant une indéniable originalité depuis l’origine. Leur leader charismatique et sympathique, Aðalbjörn « Addi » Tryggvason, n’est pas non plus pour rien dans la ferveur qui s’empare de la salle.

Leur relative nonchalance - et leur look - fait planer sur leurs compositions une atmosphère de western : mais on sera moins chez Sergio Leone que chez André de Toth. Comme dans « La Chevauchée des Bannis » (1959), il y aura des duels avec des outlaws ou des attaques de diligence, mais dans la neige jusqu’au coup.

Sortant de ce Far-West musical, le retour à vélo boulevard de Clichy nous a fait sentir comme des cavaliers solitaires qui vont traverser la nuit (en sifflotant).

Sébastien Bourdon