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« Senso » de Camillo Boito (1883)

vendredi 16 juillet 2021, par Sébastien Bourdon

Conte Cruel de la Jeunesse

La jeune Comtesse Livia est mariée à un riche mais ennuyeux barbon. Elle se voit si belle qu’elle imagine Venise et ses dépendances comme étant siennes. La ville retiendrait son souffle à chacune de ses entrées, la musique du bal serait invariablement jouée pour elle.

Un soir, la Comtesse jette une bague dans la lagune vénitienne et s’invente alors avoir épousé la mer.

Assoiffée de reconnaissance et d’expériences, elle entend jouir sans entraves de ce que sa fraîche beauté peut lui offrir. Évidemment, si ce jeu est réservé à une élite jeune et belle, il n’en reste pas moins que l’amour et le hasard peuvent se révéler trompeurs. On peut goûter avec une douce amertume de ce que l’on ne possède pas réellement, en l’occurrence le beau Remigio, mais les désillusions qui s’ensuivent s’avèrent finalement ne pas être moins cruelles (« Plus son cœur se montrait bas, plus son corps rayonnait de beauté »).

C’est l’amour qui la fera basculer : elle semblait d’abord jouir avec une relative légèreté de cet attachement charnel pour Remigio, mais un sentiment bien plus puissant va l’envahir, d’autant plus dévastateur qu’elle se découvrira finalement bafouée.

De la bagatelle à l’ignominie, il n’y aura alors plus qu’un dernier pas qu’elle franchira immanquablement.

Court roman italien du 19ème siècle (1883), écrit par un architecte de profession - Camillo Boito - le livre est rédigé comme un carnet intime, à la première personne. On ne cesse donc d’entendre la voix de la protagoniste, la Comtesse Livia.

Le texte est extrêmement ramassé et va à l’essentiel : la sensation et le sentiment, ce qui met la Comtesse en mouvement. La narratrice ne s’embarrasse ainsi pas de descriptions superfétatoires, s’attachant surtout à l’embrasement de ses sens et décrit presque naïvement l’absence quasi absolue de morale qui gouverne son univers.

L’issue du livre est fascinante de perversité et il serait donc ici bien dommage de la révéler.

« Mon mari fumait, ronflait, disait du mal du Piémont, achetait des cosmétiques : moi, j’avais besoin d’aimer ».

Sébastien Bourdon

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