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« Roubaix, une Lumière » d’Arnaud Desplechin

lundi 16 septembre 2019, par Sébastien Bourdon

Meurtre Mystérieux à Roubaix

On n’attendait pas forcément Arnaud Despleschin dans un polar, encore moins dans l’adaptation d’un documentaire (« Roubaix, commissariat central. Affaires courantes » Mosco Boucault 2008). Description supposée précise de la vie quotidienne dans un commissariat de Roubaix, le film s’attache surtout aux pas de celui qui le chapeaute de sa tranquille autorité apparente, le commissaire Daoud (Roschdy Zem).

Construit en deux parties, le film commence par une sorte de vision large de la vie policière, entre bagarres, vols, fugues et viols, avant de se concentrer dans un deuxième temps de manière plus chirurgicale sur un sordide crime crapuleux (l’assassinat d’une vieille dame pour un bien piteux butin).

Il y a donc bien deux films en ces deux volets ayant pour caractéristique de partager une même unité de temps, de lieu et de personnages.

On reconnaîtra à la première partie une belle vivacité, même si, aussi bien filmées soient-elles, on ne sort pas franchement de visions assez convenues et typiques du polar moyen télévisé.

La deuxième partie, focalisée sur l’élucidation du crime par l’enquête puis l’aveu, vise peut-être plus encore la précision du documentaire tout en étant plus ambitieuse. Le commissaire Daoud se fait ici metteur en scène, organisant les séquences qui amèneront progressivement les protagonistes à leur aveu du crime commis et à leur incarcération. Le personnage principal, projection du cinéaste, semble même littéralement diriger les suspects jusqu’à ce qu’ils deviennent coupables, comme Desplechin filmerait des comédiens pour les amener à des personnages.

Cette ambition et cette démarche inattendue chez ce cinéaste était potentiellement prometteuse, mais donne finalement un résultat assez décevant, avec des défauts de narration et une écriture, des dialogues notamment, qui frisent parfois la sortie de route.

Il faut quand même relever l’impeccable duo Léa Seydoux - Sara Forestier dont l’interprétation particulièrement tendue et puissante porte le film dans sa deuxième partie (on imagine que leur jeu colle à la réalité, mais pour le vérifier il faudrait avoir vu le documentaire).

Le sentencieux Daoud fait en revanche un Maigret assez lourdingue, parfaitement dénué d’autodérision et se figeant dans une posture de sage un peu fatigante et parfois terriblement prévisible.

Ce film n’est donc certainement pas celui qui marquera le plus dans la carrière d’un réalisateur qu’on a connu plus iconoclaste et plus percutant, notamment lorsqu’il s’attachait à décrire la cruauté des sentiments, qu’ils soient amoureux ou filiaux (« Rois et Reines », « Conte de Noël »).

Sébastien Bourdon

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