Accueil > Francais > Cinéma > « Riverboom » de Claude Baechtold
« Riverboom » de Claude Baechtold
jeudi 14 novembre 2024, par
Trois Protestants dans une Voiture
Il serait aisé - et d’autres ne se sont pas privés de le faire - de qualifier ce documentaire d’odyssée « déjantée » de trois « pieds-nickelés » en Afghanistan.
En réalité, et c’est souvent le secret au cinéma - même « vérité » - tout est dans le montage. L’expédition afghane de ces trois jeunes hommes en 2002 n’était pas partie pour être comique, loin de là, et au final l’est-elle ? En tout cas, le film lui est extrêmement drôle.
Serge Michel, l’un des trois larrons, polyglotte accompli, grand reporter, avait été envoyé là-bas par Le Figaro, avec pour mission de réaliser un reportage sur l’auto-déclarée « Pax Americana », à la suite de la prise du pays par les forces américaines.
Pour illustrer le propos, Paolo Woods, l’italo-suisse, photographe de guerre chevronné, se chargerait des images.
Rien de bien poilant a priori. Et si ces deux là s’encombrent de Claude, ce n’est pas en imaginant qu’il sera éventuellement utile : perdu dans un gouffre de tristesse depuis la brusque disparition de ses deux parents dans un accident, il s’agit de lui changer les idées. Autant dire que la méthode est radicale et fait une bonne part du sel du film.
Complètement à côté de ses pompes au début de l’aventure, le réalisateur ne s’en cache pas, mais prend le parti d’une mélancolie souriante, ajoutant aux images du périple afghan des archives de son enfance suisse.
Pour le reste, quoiqu’il nous soit montré ou expliqué, il est décidé d’en sourire, comme le font majoritairement les habitants de ce pays magnifique, ravagé par des décennies de guerres (et dont on sait, plus de vingt ans plus tard, que le sort de l’Afghanistan ne s’est pas amélioré, loin de là).
Pour la gravité documentaire feu Christophe de Ponfilly - notamment - avait fait le job. En choisissant un tout autre angle, en apparence plus intime et léger, le film de Baechtold vous fait sortir de la salle plein d’une joie un peu triste, et singulièrement éclairé sur la grande histoire comme sur la petite, les deux pouvant marquer une vie d’être humain.
Sébastien Bourdon