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« Relaxe » de Audrey Ginestet

mercredi 19 avril 2023, par Sébastien Bourdon

Feu de Joie

Pour raconter cette affaire qui défraya la chronique - « le groupe de Tarnac » - la caméra d’Audrey Ginestet s’attache aux pas d’une des accusées, Manon.

La réalisatrice l’explique, elle se refuse à la distance - et ce d’autant que la protagoniste est une proche amie - et signe là de fait un documentaire clairement militant. Cet affichage politique brille par sa contemporanéité brûlante, quand bien même tous les prévenus ont été relaxés en 2018, après dix ans d’un acharnement policier et judiciaire absurde.

La justice est ici hors champ, ni juges, ni avocats (ce dernier ayant semble-t-il porté plus d’intérêt à la renommée qu’il pouvait tirer de l’affaire qu’au dossier), nous suivons Manon se préparer dans sa quotidienneté pendant les deux mois qui précèdent le procès final.

A Tarnac, chez elle, elle est entourée d’un groupe majoritairement féminin qui l’épaule et construit avec elle sa défense. Optant pour une stratégie qui s’apparente à celle dite « de rupture », Manon prépare avec elles un discours qui clora son propos et justifiera son refus ensuite de répondre à toute question de la juridiction.

Cette femme singulière, aux convictions fortes mais à l’allure d’abord timide, brûle littéralement l’écran. Fascinés par la rencontre, on pourrait blâmer le manque de recul affiché par la réalisatrice, mais où que l’on se positionne sur l’échiquier politique, on découvre à l’écran de gentils néo-ruraux que l’on a transformé en dangereux terroristes à des fins purement politiques.

L’Etat se fabrique parfois des ennemis imaginaires, et c’est le plus souvent stratégique. En ces temps où on nous assène que le problème ce n’est plus les ligues fascistes mais l’anti-racisme, où les militants verts sont devenus des « éco-terroristes », le film résonne indéniablement.

S’agissant de l’affaire Tarnac, le jugement de la présidente de la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris se conclut de manière aussi lapidaire que juste : « L’audience a permis de comprendre que le groupe de Tarnac était une fiction ». De quoi justifier un documentaire en somme.

Sébastien Bourdon

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