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Rattrapé par la Danse

ANTHRAX, Elysée-Montmartre, le 16 mars 2017

vendredi 17 mars 2017, par Sébastien Bourdon

ANTHRAX, l’Elysée-Montmartre, le 16 mars 2017

L’Elysée-Montmartre a enfin rouvert ses portes, mais dans un quartier comme changé, j’ai ainsi pu me sustenter d’un sandwich aux écrevisses avant le concert. Ceci posé, le choix de ce composant n’était point idéal pour manger debout dans la file d’attente, ces petites bêtes tentant systématiquement de s’échapper de cet assemblage de pain et de roquette pour rejoindre le caniveau et, qui sait, fuir vers la Seine.

A côté de moi, un gars chevelu en interroge un autre avec ce sens de l’à-propos typique des concerts de metal : « T’écoutes que du thrash ou t’écoutes du hard aussi ? ».

La première partie (The Raven Age) étant extrêmement convenue, une sorte d’emo-thrash pénible, on passe vite au bar où on retrouve évidemment ses amis avec lesquels on rejoint le nouvel espace donnant sur rue pour boire au calme (en attendant la tempête).

C’est le moment où l’on constate que le public est vieillissant et parfois fatigué des excès de bière et de camping sauvage. Mais heureusement, on croise des jeunes et même des filles (logique quand le chanteur d’Anthrax s’appelle Belladonna).

Il est humainement impossible de ne pas être ému en foulant à nouveau ces lieux. Cette salle nous a donné tant de joies à nous autres petits couillons qui avaient moins de mal avec les disques qu’avec les filles.

La playlist diffusée par la sono avant l’ouverture de la festivité est d’ailleurs au diapason de nos souvenirs : « Reign in Blood » (Slayer), « The Number of the Beast » (Iron Maiden) et un « The Mob Rules » de Black Sabbath pour finir avant de vraiment commencer. Ce dernier morceau accentue encore la mélancolie puisque notre premier concert en ces lieux fut justement celui de cette incarnation de Black Sabbath, avec Ronnie James Dio au chant (15 septembre 1992).

Pour l’occasion de cette trop rare visite en tête d’affiche et en salle à Paris, Anthrax fait également son propre voyage dans le passé puisque l’idée de cette tournée est de notamment rejouer en intégralité l’album « Among the Living » sorti en 1987. Evidemment, cette galette furieuse ne s’est pas ramollie avec le temps et le groupe, s’il n’est plus tout à fait composé des mêmes musiciens (exit Dan Spitz, enter Jon Donais), restitue à la perfection sa sauvagerie d’hier (« Caught in a Mosh », « I am the Law », « Indians » et l’essoufflant « Skeleton in the Closet »).

L’équipe habituelle d’Anthrax est ce soir d’autant plus remaniée que le magnifique Charlie Benante est malheureusement absent de derrière les fûts, souffrant de récurrents problèmes de poignets qui lui interdisent d’assurer toutes les dates de la tournée (son remplaçant, Jon Dette, fait le job mais, un seul être vous manque…).

Le son est exceptionnellement fort mais un peu étouffé, de toute façon, le groupe ne semble pas avoir opté pour la nuance, mais avec précision, exécutant avec une belle furie les glorieuses cavalcades de son répertoire.

L’exécution de ces tubes anciens (pour certains malgré tout souvent joués au cours des années) dans une salle à taille humaine permet d’en retrouver toute la fraîcheur. A l’époque, le Président des Etats-Unis était un acteur, maintenant c’est un clown. Sinon, tout est là.

Heureusement, le groupe ne se cantonne pas à ce seul album et surtout ne manque pas de jouer notamment cet extrait de leur magnifique et exemplaire dernier album en date « For All Kings » (2016), le presque progressif « Blood Eagle Wings ». Ce titre, absolument splendide, permet de constater l’évolution musicale d’un groupe qui n’a à rougir ni de son passé, ni de son présent. Anthrax stands the test of time.

Si on est toujours très enthousiasmé par le sémillant guitariste Scott Ian, le chanteur Joey Belladonna méritait ce soir nos suffrages pour son enthousiasme intact et sa voix qui ne semble toujours pas décidée à le trahir (du coup, je me suis acheté le même tee-shirt que lui).

Jouant à Paris, Anthrax ne pouvait nous quitter sans jouer l’inévitable reprise de Trust « Antisocial », morceau entendu sous toutes ses formes des milliers de fois et qui pourtant ne cesse jamais de produire une joie indicible. Un peu comme ce genre de concert finalement.

Sébastien

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