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« Quand Vient l’Automne » de François Ozon

lundi 7 octobre 2024, par Sébastien Bourdon

Le Roman d’une Tricheuse

Michelle (Hélène Vincent), retraitée à l’allure paisible, semble couler des jours heureux dans sa campagne. Elle lit beaucoup, cuisine souvent, prie un peu, et passe beaucoup de temps avec son amie Marie-Claude (Josiane Balasko). On le découvre vite, il y a bien quelques fêlures dans ces vies : le fils de Marie-Claude est en prison (Pierre Lottin) et la fille de Michelle (Ludivine Sagnier) cultive des relations difficiles avec sa mère. Cette dernière attend et espère néanmoins les visites de son enfant, surtout pour retrouver son petit-fils (Garlan Erlos), qui fait la joie de ses vieux jours.

Une maladresse culinaire de saison va déclencher une série de drames qui va sérieusement ébranler ce microcosme, faisant ressurgir le passé et ses fantômes.

François Ozon donne souvent l’impression d’être un habile faiseur, changeant, au gré des films, de genre comme de chemise, et livrant sur pellicule des produits chatoyants, mais pas forcément exceptionnels.

Il lui semble ainsi loisible de tout faire, et avec un culot modeste, ce qui justifie que l’on jette régulièrement un œil sur ses productions.

Si l’on devait ici chercher une filiation, on pourrait dire qu’Ozon creuse une veine chabrolienne, mais il est indéniable que c’est un raccourci commun dès que se joue une comédie humaine dans une ville de province (aujourd’hui, on dirait en « territoire »).

Toutefois, le doux parfum d’immoralité bonhomme qui habite le film distingue ici Ozon de Chabrol. On serait plutôt chez Jean Renoir, tant dans ce drôle de drame, « chacun a ses raisons ».

On se régale d’autant plus de cette atmosphère qu’elle est soigneusement distillée, parfois par ellipses, laissant planer un mystère, ou plus directement, mais sans brutalité inutile (mais avec beaucoup de causticité, ce qui ne gâte rien).

Tout s’agence parfaitement, les événements comme ce qui les provoque, avec une maîtrise de mise en scène tout à fait irréprochable.

La salle de cinéma était comble jusqu’au dernier strapontin, et grand bien fasse au spectateur qui s’y est glissé (et se glissera), tant ici tout est réussi, et où l’on peine à trouver à redire à une œuvre aussi fine qu’esthétiquement impeccable.

Sébastien Bourdon

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