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« Nostalgia » de Mario Martone

dimanche 19 février 2023, par Sébastien Bourdon

La Forza del Destino

Après des années d’absence, Felice (Pierfrancesco Favino) prend un avion pour retrouver Naples, ville qui l’a vue naître et qu’il a dû fuir. Il vit au Caire, dans une Égypte au sein de laquelle il a trouvé femme et dont il a épousé la culture (il est devenu musulman), au point d’en perdre la langue, le dialecte napolitain.

Ce premier repère effacé par le temps et l’éloignement fait d’abord de lui un presque étranger en ville. Il cherche ses mots, et pour cette plongée dans son passé, il commence par sa matrice à lui, sa propre mère.

Cette plongée progressive dans Naples est admirablement filmée, pour ceux qui l’ont traversée comme pour ceux qui en ignoreraient tout, le cinéaste nous emmène au plus profond de cette cité grouillante de vie et de mort, de la jeunesse des quartiers aux catacombes où errent pour l’éternité les fantômes.

Chaque porte à laquelle frappe Felice, chaque troquet où il se sustente, chaque pas fait ressurgir son passé, et il finit par se dire que les lieux n’ont pas franchement changé et qu’il pourrait y être à nouveau chez lui.

Mais bien que convaincu rien n’a changé, il oublie qu’à Naples les règles aussi sont toujours les mêmes et que si la nostalgie est restée ce qu’elle était, elle pourrait se révéler dangereuse.

Et c’est ainsi qu’il remonte les chemins de la mémoire pour retrouver son ami de jeunesse, devenu criminel endurci, Oreste, le « mallomo » (Tommaso Ragno), régnant sans merci sur le quartier de La Sanita.

Felice met pour ce faire ses pas dans ceux du principal opposant aux organisations criminelles, le Père Luigi Rega (Francesco Di Leva), qui va se faire fort de lui faire au passage un rappel au règlement local.

La nostalgie se prête à la langueur mélancolique, et si de la mafia il est notamment ici question, il ne faut pas s’attendre à une virée nécessairement brutale. La violence n’explose que par brusques soubresauts, et patiemment, lentement, par l’exploration des lieux et les rencontres, Felice marche vers son destin.

Sébastien Bourdon

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